Les effroyables inondations qui ont submergées l’Émilie-Romagne, région située entre Milan et Florence nous sidèrent tous. Les images de ces flots de boue charriant des troncs d’arbres, des autobus, s’abattant sur la région de Ravenne, frappent les esprits. Certains continueront sans doute à prétendre qu’il s’agit là d’un événement malheureux comme il y en a toujours eu par le passé. Ils pourront expliquer cela aux plus de vingt mille personnes toujours sans logis et à ceux qui ont tout perdus. Cela ne les consolera pas...
... Non que le réchauffement climatique s’avère, lui, une raison apaisante. Mais le fait d’accepter de nommer les choses peut nous convoquer, nous mobiliser à y chercher des remèdes.
En Indonésie, l’État a déjà annoncé que, d’ici 2045, la capitale, Djakarta aura transféré toute son administration et une bonne partie de son activité économique à Nusantara à l’est de l’île de Bornéo. Il est quasi certain que la capitale actuelle sera totalement submergée par les eaux à cette date, car en plus de la montée de la mer, les bâtiments s’enfoncent dans la terre ! Mais l’Indonésie, c’est loin...
L’Italie, après les incendies en Grèce et ceux de l’été dernier dans le sud-ouest de la France, sonne le réveil. Nous ne sommes pas hors de ce monde en péril. Des projections sur moins d’un siècle nous présentent une carte de France transformée : la Bretagne y sera une île, Le Havre une ville aquatique... Et les gesticulations de certains sur les questions migratoires font peine à voir devant les défis gigantesques que ces échéances annoncent.
Lorsqu’il publie son encyclique Laudato Si', il y a maintenant huit ans exactement, François écrit : "Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres." (LS 49) Il nous invitait alors à "oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde et ainsi reconnaitre la contribution que chacun peut apporter" (LS 19). Car rien ne sera possible si nous ne laissons pas notre intelligence et notre cœur être saisis de cette double clameur.
Nous, baptisés, notamment puisque nous savons que le Créateur nous confie son œuvre en nous invitant à y coopérer, et que le Sauveur nous révèle qu’en lui, tout pauvre est un frère à aimer et à chérir. Certes, nos moyens d’action sont limités et nos libertés contenues par nos besoins et nos désirs. C’est bien pour cela que nous pouvons d’abord œuvrer en nous-mêmes, éclairés par l’Esprit, pour que nos désirs et nos besoins se modifient et suscitent moins de désordres autour de nous.
Et puis, pourquoi ne pas rêver ? Par exemple, en imaginant que, si tous les diocèses, toutes les congrégations, tous les mouvements d’Église, et derrière eux tous les baptisés, se décidaient à confier leurs économies à des banques plus morales cela aurait quand même un sacré impact, non ? Imaginez les sommes en jeu et le poids que cela représente. Pourquoi continuer à tolérer que des organismes bancaires guidés par la soif inextinguible du profit financier, continuent de placer les sous que nous gagnons dans des investissements que nous réprouvons ? Peut-être y aurait-il là un premier pas, plus que symbolique, qui permettrait de sortir des coups de com' et des gadgets trop souvent utilisés pour nous donner bonne conscience et nous faire oublier les naufragés actuels d’un monde Titanic ?
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
En partenariat avec Sans transition !
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !