Dimanche dernier, Edouard Philippe s‘est rangé aux côtés d’Emmanuel Macron dans la campagne présidentielle à venir. Cette clarification, après un faux suspens, intervient relativement tôt. Sans doute pour ne pas trop diluer la portée du message.
C’est en effet un soutien considérable, mais son sens dépasse largement l’échéance du prochain scrutin. Cet engagement d’Edouard Philippe prépare les recompositions politiques à venir. L’ancien Premier ministre n’a jamais caché le peu d’estime dans laquelle il tenait la stratégie (et accessoirement les personnalités) de droite, sa famille d’origine, ni la nécessité de d’amplifier l’élan réformateur porté par le chef de l’Etat. "Emmanuel Macron est fait d’un métal dont je ne vois pas beaucoup la trace chez ceux qui sont candidats à l’élection présidentielle" a-t-il déclaré.
Le soutien à Emmanuel Macron se veut donc "complet", ce sont les mots d’Edouard Philippe dimanche sur TF1, mais pas inconditionnel. L’ancien Premier ministre ne voit pas sa place dans le dispositif comme force d’appoint. Sa popularité est intacte et il veut s’en servir en pesant sur la suite. Par une accentuation des réformes. Par la reprise celles qui ont été abandonnées, dont celle des retraites. Edouard Philippe y avait laissé sa marque en introduisant un recul de l’âge de légal de départ à 65 ans. Il n’a pas changé d’avis.
Mais l’ambition n’est pas seulement réformatrice. Ce soutien du maire du Havre vient renforcer le glissement, déjà bien engagé, de la majorité présidentielle vers le centre droit. Il peut attirer vers Emmanuel Macron, un nombre considérable de déçus des Républicains, eux qui ont bien du mal à se trouver un candidat incontesté. Et surtout ceux qui, dans cet électorat, se désolent de dérives droitières (sécurité, laïcité) des candidats au primaire. Une éventuelle candidature à la présidentielle d’Éric Zemmour les a mis en ébullition.
Sur le plan idéologique, Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont parfaitement en phase. Il s’agit de jeter les base d’une nouvelle majorité et d’une nouvelle offre politique pour les législatives de 2022. Le "et de droite et de gauche" n’abuse en effet plus grand-monde et explique largement le flottement de la République en marche. Edouard Philippe compte donc occuper, avec ses soutiens, toute sa place en lançant un nouveau parti le 8 octobre au Havre, amalgamant toutes les microstructures d’élus de droite partisans déclarés d’Emmanuel Macron. Mais pas seulement des élus.
Ce serait, là, l’aile droite de l’éventuelle majorité présidentielle si Emmanuel Macron est élu. De l’aile gauche, à vrai dire, il ne reste plus grand-chose. Il n’y a pas sur le terrain de la recomposition politique de déficit d’ambition chez Edouard Philippe. Cette recomposition servira évidemment Emmanuel Macron à la présidentielle. Elle pourra aussi servir à d’autres un peu plus tard. Edouard Philippe va répétant qu’il n’est pas pressé. Mais il prépare l’avenir.
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