JavaScript is required

Éducation au Liban : de l’identité religieuse à la construction de la citoyenneté

Un article rédigé par Jean-Baptiste Cocagne - RCF Lyon, le 15 juin 2022 - Modifié le 19 juin 2022
Le dossier de la rédactionÉducation au Liban : de l’identité religieuse à la construction de la citoyenneté

Le Liban est aujourd’hui secoué par une grave crise économique, venue s’ajouter à la crise sanitaire du covid et aux dégâts matériels et psychologiques de l’explosion du port de Beyrouth en août 2020. Dans ce contexte, comment continuer la mission éducative pour les enfants libanais ? Illustration avec le rôle joué par les écoles chrétiennes au pays du Cèdre.

Un enfant dans une salle de classe à l'école Mar Youssef dans le quartier de Bourj Hammoud à Beyrouth - © RCF Lyon (Jean-Baptiste Cocagne) mai 2022Un enfant dans une salle de classe à l'école Mar Youssef dans le quartier de Bourj Hammoud à Beyrouth - © RCF Lyon (Jean-Baptiste Cocagne) mai 2022

Pays multiconfessionnel où l’État se fait plus remarquer par son degré de corruption que par son action, le Liban doit aujourd’hui faire face à plusieurs défis sur le plan éducatif. Les écoles sont confrontées depuis quelques années à l’arrivée massive d’enfants réfugiés syriens, mais aujourd’hui, avec l’inflation galopante, les établissements doivent faire face à la démission d’enseignants voire au départ de certaines familles vers l’étranger. Avec en toile de fond : l’importance du système éducatif comme ciment de la nation libanaise. Dans ce pays où chacun se définit par sa confession religieuse, inscrite sur sa carte d’identité, la notion de citoyenneté a parfois du mal à émerger. Pour autant, les laïcs et le clergé chrétiens se mobilisent, tant dans les universités que dans les écoles.

Selon le père jésuite Salim Daccache, recteur de l’université catholique Saint-Joseph de Beyrouth, « l’Église catholique ose parler de citoyenneté », une gageure, dans un pays où « malheureusement, l’immense majorité des politiciens libanais font des citoyens des clients et non pas des sujets libres. Or l’éducation chrétienne vise à construire la personnalité libre du citoyen. »

 

 

Un vivre-ensemble expérimenté à l'école

 

Cette sensibilisation aux enjeux de citoyenneté commence dès le plus jeune âge. Exemple dans le quartier de Bourj Hammoud, l’un des plus pauvres de la capitale libanaise. A l’école Saint-Joseph, le directeur, le Père Edia Bounis, accueille 113 enfants libanais, éthiopiens, syriens, égyptiens et palestiniens. Le simple partage d’une salle de classe est un premier pas dans l’apprentissage du vivre-ensemble selon lui. Au-delà des mots, le partage du quotidien est « un message ». Le chef d’établissement cherche à transmettre des notions d’intégrité et d’authenticité à ses jeunes élèves, « qu’ils aient le courage de dire non » aux problèmes qui les entourent dans ce quartier beyrouthin : « alcoolisme, violences et abus domestiques, drogue, prostitution ». Le Père Bounis voit son poste comme une « mission : je ne suis pas directeur ici, je suis au service ».

Et les enfants dans tout ça, comment réagissent-ils ? Christiane Roukoz est membre du comité de jumelage inter-diocésain Lyon-Antélias et catéchiste à l’école Jesus and Mary à Cornet Chahwan, située à une quinzaine de kilomètres de Beyrouth. Elle estime que les enfants ont besoin qu’on leur montre « une lueur d’espoir » dans ces moments difficiles pour le Liban. Elle constate dans les expressions, les modes de communication, que les jeunes ont de plus en plus besoin d’avoir des « endroits paisibles » où se ressourcer « pour qu’ils grandissent », alors que souvent, à la maison, ils subissent au quotidien le stress de leurs parents.

 

 

Des défis communs entre la France et le Liban

 

Une délégation du diocèse de Lyon s’est rendue au Liban au mois de mai 2022, dans le cadre du jumelage entre les diocèses de Lyon et le diocèse maronite d’Antélias. Même si les difficultés et les cultures ne sont pas les mêmes, certaines problématiques sont partagées dans le secteur éducatif, comme l’a constaté Philippe Paré, directeur de l’enseignement catholique pour le diocèse de Lyon : « Il y a au Liban un risque de déconstruction systématique, qui vient toucher l’identité du peuple libanais. J’observe qu’en France, il y a aussi une déconstruction systématique, plus intérieure, plus idéologique, qui paraît moins menaçante mais qui existe aussi. Et quand j’observe les chrétiens libanais qui souhaitent, par l’intériorité, préserver leur identité et la faire partager à tous, je me dis que c’est la mission de l’Enseignement catholique aujourd’hui en France : par l’intériorité, par la prière, par le désir d’être au service de tous, d’être au service aussi de l’identité de ce qu’est la France. »

 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.