L'Église catholique n'a pas passé un bel été. La publication d'enquêtes aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas a montré un nombre toujours plus important de membres du clergé compromis dans les crimes pédophiles. La visite du pape François en Irlande a été obscurcie par les relents de scandale et les polémiques. "Trop peu, trop tard." Ce titre du journal Le Monde au sujet de la condamnation par le pape, en Irlande, des crimes pédophiles dans l'Église, résume bien une opinion largement répandue à ce sujet. Et que faudrait-il faire ? Le moment est-il venu, plus d’un demi-siècle après Vatican II, d’approfondir la réforme de l'Église ? Le pape François dispose-t-il des moyens d’y parvenir ? Il ne s’agit peut-être pas simplement de prévenir de nouveaux scandales, et tant de victimes, mais d’appeler à une conversion plus ample.
Or, le 20 août 2018, à la veille de ce voyage, dans une procédure inhabituelle, le pape avait publié une Lettre au peuple de Dieu, dans laquelle il indentifiait le cléricalisme, c'est-à-dire une manière déviante de concevoir l'autorité dans l'Église, comme l'une des causes des abus sexuels.
Le 8 septembre, recevant 74 nouveaux évêques, le pape les a exhortés : "Chers frères, fuyez le cléricalisme ! Dire non aux abus, de pouvoir, de conscience ou de tout autre type, signifie dire non à toute forme de cléricalisme." Ce sont donc des appels répétés à une conversion dans et de l'Église que le pape a lancés. Et c'est la réception de ces appels qui nous réunit aujourd'hui.
Qu'est-ce précisément que ce cléricalisme que le pape François a identifié comme l'un des maux de l'Église ? Et quels chemins doit emprunter la conversion de celle-ci ? Cela passe sans doute par les esprit mais aussi par les institutions et les structures. "Il faut que l'Église consente à reconnaître qu'elle est compromise dans ses membres criminels, avec les dévoiements de nos sociétés, que chrétiens nous sommes tout de même bien souvent très prompts à dénoncer, à fustiger, observe Anne-Marie Pelletier, il va bien falloir se mettre à interroger disons déjà la culture du silence que nous cultivons beaucoup, une culture qui imprègne l'institution ecclésiale bien au-delà des problèmes de pédophilie."
Le 30 septembre dernier, René Rémond (1918-2007) aurait eu 100 ans. Grand historien qui ne cachait pas sa foi catholique, il avait beaucoup réféchit à la crise du christianisme contemporain. Quoi que sage et mesuré il n'hésitait à se laisser aller à quelques provocations. Interrogé en avril 2006 par des journalistes du Figaro sur l'état du christianisme en Europe et la crise des vocations sacerdotales, il avait suggéré : "Je suis convaincu que si les Églises proposaient des engagements sur un temps limité, elles auraient pléthore de vocations. L'époque n'est plus aux choix irrévocables d'autant plus quela durée de vie s'est allongée." L'engagement à durée déterminée est-elle une piste possible pour fuir le cléricalisme ?
Le premier mardi de chaque mois (sauf décalage dû aux vacances) se tient au Centre Sèvres une rencontre avec deux ou trois invités, experts dans leurs domaines, destinée à nourrir la réflexion sur des sujets suggérés par l’actualité. Les interventions de ces personnalités reconnues sont suivies d’un temps d’échanges et de débats avec le public.
Les thèmes retenus concernent aussi bien la vie en société que les questions politiques, nationales ou internationales. Il ne s’agit pas d’une conférence académique, mais d’une invitation à discerner, comprendre et analyser, seul ou avec d’autres, les enjeux du thème retenu.
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