Alors que l'Egypte s'apprête à organiser ses prochaines élections présidentielles, focus sur la situation des coptes, sur place.
Le premier tour de l’élection présidentielle en Egypte commencera dans tout juste un mois, le 26 mars prochain mais son résultat ne fait guère de doute. Le président en exercice Abdel Fattah al-Sissi est candidat à sa propre succession. Face à lui, un seul adversaire, Moussa Mostafa Moussa, qui devrait jouer un rôle de figurant.
Il s’est présenté au dernier moment à l’élection présidentielle, alors qu’il soutenait jusque-là le président en place. Ce scrutin intervient sur fond de menace terroriste et de grave crise économique pour les Egyptiens, dont fait partie la communauté copte.
La communauté copte d’Egypte représente 10 % de la population égyptienne. Elle fait régulièrement les frais d’attaques terroristes. Il y a trois ans, 21 chrétiens dont 20 coptes égyptiens avaient été assassinés en Libye par Daech. Trois ans après ce massacre, une église vient d’être inaugurée en Égypte dans la province de Minya en l’honneur de ces martyrs. Tout un symbole pour le père Rafic Greiche, porte-parole de la conférence des évêques d'Egypte.
L’édifice a été construit aux frais de l’Etat et les coptes sont sensibles à un tel geste. Rappelons que le président Al Sissi a été élu en 2014 après le coup d’État contre l’ancien président issu des Frères musulmans Mohamed Morsi. Il a depuis multiplié les gestes de soutien à l’égard de la minorité copte. Après la diffusion de la vidéo du massacre, il s’était rendu au siège du Patriarcat copte orthodoxe, pour y présenter ses condoléances au pape Tawadros II et avait décrété sept jours de deuil national.
Malgré ces gestes de soutien, le climat d’insécurité continue de régner en Egypte et les coptes en font régulièrement les frais. En cette période de Carême, la tension est particulièrement palpable d’autant que les fidèles ont toujours à l’esprit le double attentat qui avait frappé deux églises coptes au Caire et à Alexandrie. C’était en avril dernier, il y a bientôt un an, le jour de la messe des Rameaux. Ces attentats revendiqués par Daech avaient fait une quarantaine de victimes.
Les coptes n’entendent pas arrêter de vivre malgré ce climat d’insécurité. Ils ne sont d’ailleurs par les seuls à faire les frais de ces attaques. Les chrétiens, les musulmans modérés et ceux qui osent désormais se déclarer agnostiques sont eux-aussi des cibles. A quelques semaines du scrutin, une vaste campagne militaire a été lancée dans la péninsule du Sinaï pour rétablir la sécurité et la stabilité.
C’est un véritable défi sécuritaire qui attend le futur président éyptien, mais pas seulement, car la situation économique du pays est désastreuse. Le président Al Sissi a hérité d’un Etat en quasi-faillite après trois ans de révolution et des décennies d’attentisme. Le président égyptien a certes lancé des réformes en novembre 2016, et mis fin au modèle d’Etat-providence hérité de l’ère Nasser. Sauf qu’aujourd’hui, c’est la population qui subit de plein fouet les coupes aux subventions étatiques et une inflation de plus de 30 %.
Les Egyptiens sont ainsi de plus en plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté. Le taux de la population qui vit sous le seuil de pauvreté est passé de 16,7 % en 2 000 à 27,8 % en 2015, sur les 90 millions d'habitants que compte l'Egypte. Cette pauvreté est à l’origine de tensions notamment pour l’acquisition des terres cultivables qui ne représentent en Egypte que 5 % du territoire.
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