Emmanuel Franco, maire d'Étival-lès-Le-Mans et président de l'Association des maires de la Sarthe, s'inquiète du climat dans les territoires. Il a fait part de ses inquiétudes au président de la République.
RCF : Le 105ème congrès des maires s'est tenu la semaine dernière. Dans ce cadre, vous avez pu échanger un court instant avec Emmanuel Macron. Mais avant cela, que pensez-vous des annonces gouvernementales, avec notamment une rallonge de la dotation globale de fonctionnement de 100 millions d'euros ou encore une enveloppe pour les indemnités des élus ?
Emmanuel Franco : Je pense que ça fait beaucoup d'annonces. Je retiens trois grands chantiers en 2024 : la décentralisation, d'où la mission confiée à Éric Woerth, les indemnités des élus et la mise à plat de la dotation globale de fonctionnement. S'il y a une rallonge tant mieux. Concernant le statut de l'élu, je trouve qu'on le prend toujours depuis la lorgnette financière. C'est un sujet mais ce n'est pas suffisant. À mon sens, il faut un statut qui inclut la formation, qui apprend à concilier vie professionnelle et celle d'élu, et voir tout cela dans sa globalité.
Vous faites partie des quatorze maires sarthois qui ont été reçus par Emmanuel Macron à l'Élysée. Qu'est-ce qu'il est ressorti de cet échange ?
En plus des annonces que je viens de citer, je lui ai dit : "Monsieur le président, vous faites des immersions de deux jours dans de grandes métropoles, je vous propose d'en faire une dans un département rural."
Vous trouvez le président trop urbain ?
Je pense qu'il a besoin d'un regard en profondeur sur un monde rural qu'il ne connaît pas. S'il passait deux jours en Sarthe, si on lui montrait ce que les élus font sur ce territoire, ça lui permettrait de mieux appréhender les choses. Il ne faut pas oublier le monde rural. Ses habitants ont leurs problématiques de mobilité, d'habitat ou d'emploi. Attention à ce qu'il n'y ait pas une révolution des territoires ruraux.
Vous parlez de "révolution des territoires". Est-ce que vous pensez que ça pourrait s'enflammer comme les quartiers l'été dernier ?
Ce n'est pas impossible. Je suis vigilant, à l'écoute. Parfois ça gronde. Je ne sais pas si une mobilisation pareille (Ndlr : à celles des émeutes de l'été 2023) est envisageable mais attention à quelque chose de sourd. Notre rôle d'élu local est d'apporter des réponses avec nos moyens mais il ne faut pas que l'État contingente ceux-ci . C'est pour ces raisons que le président doit venir à notre rencontre.
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