Relancer l’apprentissage en France. C’est l’un des chantiers à venir du gouvernement.
Le 9 février dernier, Edouard Philippe a annoncé vingt mesures concrètes pour transformer cette filière jusque-là dévalorisée “en filière d’excellence”. Aujourd’hui il y a un peu plus de 412 000 jeunes dans les centres de formation d’apprentis. Avec sa réforme le gouvernement compte bien gonfler ce chiffre et atteindre le nombre de 500 000.
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a dévoilé il y a dix jours l’esprit de cette réforme de l’apprentissage : il s’agit de simplifier le dispositif pour les entreprises, de trouver de nouveaux circuits de financement, ou encore de repousser la limite d’âge. L’objectif du gouvernement est clair : il est urgent d’alléger le système actuel pour booster l’apprentissage et lutter ainsi contre le chômage des jeunes.
Pour commencer, le gouvernement entend prendre des mesures pour inciter les jeunes à se tourner vers l’apprentissage. Une incitation grâce à des aides financières notamment : la rémunération des apprentis de 16 à 20 ans sera revalorisée de 30 euros nets par mois, les jeunes de 18 ans et plus en apprentissage bénéficieront d’une aide de 500 euros pour financer le permis de conduire.
Des crédits seront également alloués pour que les apprentis puissent séjourner six mois à l’étranger, via le programme Erasmus. Autre nouveauté, les jeunes pourront envisager d’entrer dans cette filière jusqu’à 30 ans et non plus jusqu’à 26 ans comme c’est le cas actuellement.
Une incitation financière qui va certes dans le bon sens pour l'Association nationale des apprentis de France (ANAF). Aurélien Cadiou, son président, regrette toutefois que l’on ne renforce pas la promotion de l’apprentissage au moment de l'orientation des jeunes au collège et au lycée.
Ce sont les régions qui vont se voir confier dans le cadre de cette réforme "la responsabilité de l'orientation" qui est aujourd’hui du ressort quasi-exclusif de l’Education Nationale. Cette réforme aura d'ailleurs donné lieu à un intense bras de fer, notamment entre le Medef et les collectivités locales.
Les régions qui pilotaient jusque là l’apprentissage sont vent debout contre cette réforme. Le financement de l’apprentissage est en effet désormais basé sur un prélèvement unique et le pilotage centralisé et transféré aux branches professionnelles. Pour Stéphanie Pernod-Beaudon, déléguée de la Région Rhône Alpes Auvergne à l'apprentissage, le compte n’y est pas pour répondre aux besoins et au maintien du développement de l’apprentissage sur tous les territoires.
Le financement des Centres de formation en apprentissage (CFA) sera désormais dépendant du nombre de contrats. Il a été simplifié avec la mise en place d'une "contribution alternance" de 0,85 % de la masse salariale des entreprises. Et si les régions condamnent le projet, le MEDEF salue au contraire l’ambition de cette réforme.
L’autre ambition de cette réforme, c’est d’assouplir le droit du travail. Dans les secteurs spécifiques comme le bâtiment ou la boulangerie, le temps de travail maximum pourra passer de 35 à 40 heures, avec paiement des heures supplémentaires. Quant à l’obligation de passer par les prud’hommes, en cas de rupture de contrat par l’employeur au-delà de la période d’essai de 45 jours, elle est supprimée.
Une souplesse dans les règles et une nouvelle configuration de l’apprentissage qui pourrait fragiliser les apprentis. C’est en tout cas ce que craint l’Association nationale des apprentis de France qui plaide pour que ces derniers soient représentés par un tiers. En France, les 412 000 apprentis représentent 7 % des jeunes de 16 à 25 ans.
Un pourcentage qui grimpe à 15 % dans d’autres pays européens. L’Allemagne, avec ses 1,4 million d’apprentis, fait figure de modèle à atteindre pour le gouvernement. Cette réforme sera présentée en Conseil des ministres mi-avril, en même temps que le projet de loi sur la formation professionnelle et l’assurance chômage.
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