Est-ce que vous connaissez le film Blade Runner de Ridley Scott ? Est-ce que vous savez que l’action se situe en… 2019 ? Dans un Los Angeles, où la pluie semble éternelle, sur une planète Terre, où la vie semble avoir presque disparu, où les animaux, les fleurs, les chants et le bonheur ont définitivement tiré leur révérence. En 2019, donc, les robots menacent d’être plus humains que les hommes, plus avides de savoir, de vivre, de comprendre, d’explorer.
En 2019, ce sont les robots qui rêvent de liberté. En 2019, le robot est l’avenir de l’homme. Est-ce que de nos jours, en 2019, pour de vrai, les robots sont l’avenir de l’homme ? Je ne sais pas si les robots sont destinés à devenir nos prochains, nos voisins, nos clones, nos amis ou nos ennemis.
En revanche, il est une scène, dans le film de Ridley Scott, qui est particulièrement saisissante et troublante. C’est celle où un robot déclare, comme un défi, comme une menace, où un robot déclare : "Je pense, donc je suis". Et voilà, c’en est fini de la supériorité de l’homme, c’en est fini de son privilège : en 2019, les robots aussi pensent. Et ils le disent, et ils le revendiquent. Bien évidemment, Ridley Scott fait ici un clin d’œil à notre génie national, René Descartes. Son héros d’ailleurs se nomme… Dick Deckard ! Deckard, Descartes…
Mais derrière le clin d’œil, il y a une peur : et si nous perdions le privilège de ce qui fait de nous des humains, le privilège de penser ? Et si nous laissions se perdre ce pouvoir, cette faculté inégalée de
penser ? Et si nous laissions à d’autres – robots ou maîtres à penser – le soin de réfléchir, de comprendre, de s’interroger à notre place ?
En cette année 2019 qui commence, nous pourrions au contraire décider que, pas une fois, nous n’abandonnerons à d’autres le soin de penser à notre place. Que nous cultiverons, un peu tous les jours, le plaisir de penser par nous-mêmes, avec esprit critique, avec esprit d’ouverture. Que nous éviterons les idées toutes faites, les opinions toutes prêtes. Et que, comme un programme, comme un défi, nous proclamerons, envers et contre tout : « Je pense, donc je suis ». Bonne année à tous.
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