L'attaque au camion à Berlin lundi soir pose à nouveau la question de l'état de la menace djihadiste en Europe, mais aussi des moyens mis en place par l’UE pour lutter contre le terrorisme. L’attentat a été revendiqué mardi soir par le groupe Etat Islamique.
Une menace terroriste permanente
On réalise aujourd’hui une fois encore que la menace terroriste est extrêmement forte sur le continent européen. "On le sait depuis longtemps. Elle est forte, elle est rappelée par cet attentat à Berlin. La menace est permanente, et en même temps il n’y a pas d’attentats tous les jours. Il faut donc être mobilisé, attentif, ne pas tomber dans la paranoïa, ce que veulent les auteurs des attentats" explique Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques.
Il est cependant impossible de mesurer très exactement le degré de menace terroriste qui plane sur l’Europe. "L’avantage des terroristes, c’est qu’ils peuvent frapper quand ils veulent, où ils veulent. Ils ont le choix du lieu et du moment. Bien sûr, beaucoup d’attentats sont déjoués, ils ne peuvent pas en commettre partout mais la menace est d’autant plus forte" ajoute ce spécialiste.
Au sujet de l’attaque sur le marché de Noël de Berlin, Pascal Boniface rappelle que même s’il s’agit du même mode opératoire qu’à Nice, l’attentat allemand a été réalisé de manière beaucoup plus professionnelle et organisée qu’en France. "L’auteur a pu tuer le chauffeur, prendre un camion plus gros et plus difficile à conduire, commettre son attentat et échapper à la police. Il est toujours en fuite aujourd’hui. C’est quelqu’un qui est beaucoup plus préparé" commente-t-il.
Il ajoute que "comme l’Etat islamique est en train de perdre du terrain à tous les niveaux, on peut craindre qu’il y ait une amplification de la menace parce qu’on sait très bien que lorsqu’une organisation terroriste est en voie de perte de terrain, c’est là qu’elle se fait la plus violente, ce qu’on a pu observer avec l’IRA ou l’ETA dans le passé".
La menace terroriste qui pèse sur l’Europe est par ailleurs protéiforme. "Elle peut aussi bien être le fait de gens extrêmement bien entraînés, ou de personnes un peu désaxées qui tout d’un coup se donnent une mission d’exercer un meurtre au nom de l’Etat islamique, comme on l’a vu en Normandie avec l’assassinat du père Jacques Hamel" déclare également le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques.
Pascal Boniface précise que la coopération européenne contre le terrorisme a évolué. "Il y a 20 ans, il y avait des querelles entre la France et la Grande-Bretagne sur le fait que Londres refusait de livrer des gens inculpés en France. Ce n’est plus le cas. La menace nous concerne tous. On voit très bien que chaque pays peut être atteint. Dans ce contexte, la coopération policière, judiciaire et dans le renseignement est beaucoup plus élaborée entre les pays européens" conclut-il.
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