Les Palestiniens rejettent en bloc le plan de paix de Donald Trump. Quant aux Eglises de Terre Sainte, elles dénoncent une initiative unilatérale. Les Ordinaires catholiques de Terre Sainte sont vent debout depuis l’annonce de ce que Donald Trump appelle le "Deal du siècle". Les Ordinaires catholiques, ce sont les les latins, les melkites, les maronites, les syriens, les arméniens, les chaldéens et la Custodie de Terre Sainte. Ils voient dans ce plan une initiative unilatérale qui ne respecte pas la dignité et les droits des palestiniens.
Rappelons que le document de 80 pages prévoit que Jérusalem soit la capitale de l’État hébreu, qu’Israël annexe officiellement un certain nombre de colonies installées en Cisjordanie, à commencer par celles de la vallée du Jourdain. Si ce plan prévoit la création d’un État palestinien, celui-ci aurait des frontières bien différentes que celles de 1967 qui sont la référence des Nations-Unies. Pour le père Ibrahim Shomali, chancelier du patriarcat latin de Jérusalem, interrogé par RCF, ce n’est pas un plan de paix mais un plan de guerre.
Les représentants catholiques de Terre Sainte craignent que ce plan, bien loin d’apporter des solutions, ne crée "plus de tensions, plus de violences et d’effusion de sang". Pas de concertation de toutes les parties, un mépris du droit international. Voilà en substance ce que reproche les chrétiens de Terre Sainte au Plan Trump. Des chrétiens dont le nombre se réduit à peau de chagrin dans la région.
Ils représentent entre 2 et 3% de la population totale de Terre Sainte. La perspective de ce nouveau plan américain dans lequel les Palestiniens n’ont pas été associés fait craindre aux Églises locales une nouvelle hémorragie. C'est ce qu'explique Marie Armelle Beaulieu, la rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine.
Mais les chrétiens ne sont pas les seuls à avoir exprimé leurs inquiétudes. Les évêques américains ont également haussé le ton. Dans une lettre adressée au secrétaire d’État Mike Pompeo, les évêques américains rappellent que les négociations de paix ne peuvent pas s’affranchir de certains principes immuables. "Les Israéliens et les Palestiniens sont les seuls à pouvoir résoudre leurs différends et à s’entendre sur une solution négociée" précisent ils.
S’il reconnait le rôle significatif des États-Unis, l’épiscopat américain réaffirme que les négociations directes entre les deux parties demeurent la voie à privilégier, avec le concours de la communauté internationale. De part et d’autre, l’Eglise réagit. Mais quelle est plus précisément la position du Saint Siège dans cet épineux dossier ? Décryptage avec Jean Baptiste Noé, docteur en histoire, auteur du livre “François le diplomate” chez Salvator.
Si la position du Saint Siège reste inchangée, les chrétiens de Terre Sainte aimeraient une nouvelle prise de position ferme de Rome sur les droits et aspirations de chacune des parties. C’est ce que rappelle le père Shomali, chancelier du patriarcat latin de Jérusalem.
A noter que ce n’est pas le pape en personne mais l’un de ses représentants qui s’est exprimé il y a quelques jours sur le sujet. Le 22 janvier dernier, Mgr Fredrik Hansen, chargé d'affaires du Saint Siège auprès de l’ONU, a rappelé devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies que le pape était en faveur du "maintien du statu quo des lieux saints de Jérusalem". Il a plaidé pour que les futures frontières de l’Etat d’Israël soient élaborées par Israël et la Palestine, "avec le soutien de la communauté internationale et conformément aux résolutions des Nations".
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