En Ukraine, le manque de reconnaissance de Kiev vis-à-vis de ses alliés commence à agacer les pays occidentaux. La guerre s'éternise, la lassitude se fait ressentir. C'est désormais la crainte d'une friction de l'union sacrée contre la Russie qui émerge. En parallèle, les conjonctures budgétaires et électorales internes aux pays ne font pas non plus les affaires de l'Ukraine. Décryptage.
“La victoire dépend de notre coopération”. L’appel du président Volodymyr Zelensky aux ministères des affaires étrangères de l’Union Européenne réunis à Kiev aujourd’hui est clair. Pourtant, c'est la crainte d'un désengagement qui émerge dans la tête de certains dirigeants occidentaux.
L’Allemagne a demandé la mise en place d’un plan de protection hivernal pour protéger les infrastructures ukrainiennes des bombardements russes. Néanmoins, plus que des questions de terrain, cette réunion présentée comme historique doit surtout se lire comme un message diplomatique. “La Russie ne doit pas compter sur notre lassitude” a expliqué la ministre française Catherine Colonna. Affirmation immédiatement contredite par le Kremlin persuadé au contraire que cette lassitude va “s’accroître dans différents pays”. Cette rhétorique est utilisée par Moscou depuis des mois et elle commence à trouver un certain écho.
Les mauvais signaux s’accumulent pour l’Ukraine : d’abord au sein même de l’Union Européenne avec l’élection dimanche 1er octobre du parti populiste SMER en Slovaquie. L’ancien Premier ministre Robert Fico vient d’être chargé de former un gouvernement, lui qui est proche de Viktor Orban. Il a également plusieurs fois affiché son opposition au soutien à l’Ukraine, jugeant que la Slovaquie avait des problèmes plus importants. "Plus une seule balle de munitions n’ira à l’Ukraine”, a-t-il notamment déclaré.
Une déconvenue qui s’ajoute aux tensions, avec la Pologne sur fond de bras de fer céréaliers et de campagne électorale. Tout cela risque d’affecter le soutien militaire jusqu’ici indéfectible de Varsovie envers l’Ukraine. Autre signe : l’agacement en juillet dernier du chef de la diplomatie britannique réclamant de la gratitude et rappelant à Kiev que le Royaume-Uni "n’était pas Amazon"
Enfin, outre-atlantique, le gouvernement américain a dû sacrifier un plan d’aide de 24 milliards de dollars à l’Ukraine afin de faire voter son budget et d’éviter un shutdown. L’administration Biden a dû céder pour obtenir le vote de députés républicains opposés au soutien à Kiev.
Encore une question de politique interne, mais une fissure de plus dans l’union sacrée occidentale face à la Russie.
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