En 1891 dans une encyclique, le Pape Léon XIII s'attaque à la question ouvrière. Depuis, les Pape et autres "voix" de l'Eglise catholique prennent régulièrement la parole sur le travail, la vie économique, les migrants, l'engagement politique, l'environnement... Alors comment mettre en accord les valeurs évangéliques avec nos vies et nos choix politiques? Témoignages de catholiques de Haute-Savoie.
Bernard Satin est membre du groupe Servir la Fraternité du diocèse d'Annecy et vice-président de la Maison des Familles du bassin annécien, un lieu d'aide à la parentalité. "Dans mes engagements, j'expérimente le fait d'agir à partir des personnes en situation de fragilité, de leurs envies, de leurs besoins. C'est un changement de regard, une vraie conversion. Voir la personne sans poser d'étiquettes. Ne pas se mettre à la place de l'autre. Et ne pas se prendre pour le sauveur! La dignité des personnes passe par plus de justice et d'égalité. C'est un critère dans mon choix électoral. Mais la fraternité ne dépend pas que de nos élus: elle dépend de chacun de nous!"
Marie-Hélène Barberot est présidente du CCFD Terre-Solidaire en Haute-Savoie, ONG et service de l'Eglise Catholique qui lutte contre la faim et pour le développement. "Le CCFD finance des projets portés par des acteurs locaux. Pour moi, cela correspond à l'attitude de Jésus, quand il demande aux personnes ce dont elles ont besoin. Les paroles de personnalités d'Eglise, comme Dom Helder Camara ou le Pape François, rejoignent aussi ma conviction que nous sommes tous liés. Pour les élections législatives, un groupe de six militants du CCFD de Haute-Savoie part sensibiliser les candidats aux valeurs de la pensée sociale de l'Eglise. Nous retournerons voir ceux qui seront élus. C'est un plaidoyer pour le bien commun!"
Denis Coupat est diacre et délégué à l'écologie intégrale du Diocèse d'Annecy. "J'ai grandi dans une famille engagée dans l'action catholique, dans le syndicalisme, les mutuelles. Je me suis donc toujours demandé comment faire le lien entre la vie de tous les jours et ce que j'entendais à la messe le dimanche. L'encyclique du Pape sur l'écologie intégrale traite du lien avec planète autant qu'avec le prochain. Elle a tout à voir avec ce que nous entendons à la messe. Reste à faire passer le message. Alors je choisis mes mots! Aujourd'hui, le principe qui me guide pour voter, c'est l'amour... au sens évangélique du terme."
Vincent Brunier a été chef d'entreprise, actif au mouvement des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Jeune retraité, il est, depuis quelques mois, délégué à la parole sociale de l'Eglise pour le Diocèse d'Annecy. "La parole sociale de l'Eglise m'a inspiré pour réfléchir au sens et aux valeurs que j'entendais servir, avec la société que je dirigeais. Travailler la parole sociale de l'Eglise m'a inspiré des manières d'être et des actions audacieuses! En s'appuyant sur l'Evangile, on a tout ce qu'il faut pour un vivre-ensemble plus harmonieux. C'est ce que je regarde, en tant qu'électeur".
Grégoire Catta: "L'Eglise peut servir le dialogue et la réflexion sur notre société"Grégoire Catta, jésuite, est Directeur du Service National Famille et Société à la Conférence des Evêques de France (CEF). Il était de passage à Annecy, en mai, pour une formation. Entretien. - Dans une société sécularisée, avec le rapport de la CIASE qui a révélé ses failles, est-ce que l'Eglise est légitime pour porter une parole? "A la CEF, des bénévoles animent un lieu de réflexion sur les impacts de la révolution numérique. Ils invitent des juristes, des philosophes, des techniciens. Et tout les invités, même loin de l'Eglise, sont heureux de venir réfléchir. C'est un bon exemple de la manière dont l'Eglise peut être au service du dialogue, sur les questions qui agitent notre société. De fait, cela ne situe pas l'Eglise dans la position dogmatique de l'institution qui détiendrait la vérité. Même si nos traditions de réflexion et de foi nous donnent des éléments de discernement." - Les questions bioéthiques sont-elles abordées dans la parole sociale de l'Eglise? "Elles la rejoignent, car elles touchent à la vie en société et au projet de société. Et plusieurs textes de la Parole Sociale les évoquent, car tout est lié! Concernant le choix électoral, l'enjeu est de ne pas isoler une question et d'en faire un "tout", comme critère de choix. - Entre les deux tours de l'élection présidentielle, la CEF n'a pas donné de consignes de vote. Est-ce l'Eglise ou la société, qui a changé en 20 ans? "En 2002, quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au second tour, il avait fait référence à des paroles évangéliques dans son discours. Cela avait été perçu comme instrumentalisation de la foi et cela avait suscité des paroles fortes d'évêques. A l'époque, plus d'un million de personnes ont manifesté dans la rue. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Donc, effectivement, la société a changé et les catholiques aussi. Mais cette année, des associations, des prêtres et des évêques ont pris la parole, au nom de leur foi. Nous sommes tous responsables d'une parole sociale! Quant au fond du programme du Rassemblement National: faire des distinctions entre les personnes pour de l'aide au logement ou de l'aide alimentaire n'est pas en accord avec les valeurs de l'Evangile." |
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