Le 21 février 1944, Missak Manouchian et ses camarades de résistance étaient fusillés, au Mont Valérien, par des soldats allemands. 80 ans après, ils font leur entrée, au Panthéon, accompagnés par l'épouse de Missak. Cet hommage, rendu ce jeudi soir, résonne tout particulièrement, à Saint-Brieuc, où une exposition rend hommage à trois lycéens de la Ville ayant connu exactement la même fin tragique.
Ils s'appelaient Pierre Le Cornec, Georges Geffroy et Yves Salaün. En 1943, ils étaient élèves au lycée Anatole Le Braz et également membres d'un groupe de résistance. Le 10 décembre 1943, ils ont été arrêtés après avoir été dénoncés. Lors d’une opération, ils avaient, en effet, voulu voler une arme à un feldgendarme (police militaire allemande ), qui a été tué pendant la bagarre. « Ce 10 décembre 1943, la feldgendarmerie a fait une descente au lycée. Elle a arrêté une vingtaine de personnes dont les trois lycéens qui ne reverront jamais la liberté » explique Jean-Claude Graindorge, le président de l’association Aalberr, association des anciens élèves des lycées Le Braz, Renan et Rabelais. Emprisonnés à Fresnes, où ils seront torturés, ils seront ensuite fusillés, le 21 février 1944, au Mont Valérien, le même jour et à la même que le groupe de Missak Manouchian.
L’association Aalberr présente actuellement une exposition de 11 panneaux, à la Cabane, l’espace dédié aux jeunes, dans le centre-ville de Saint-Brieuc. Les visiteurs peuvent notamment y découvrir quelques écrits des trois jeunes lycéens martyrs. Comme cette lettre de Pierre Le Cornec, adressée à ses parents, alors qu’il se sait déjà condamné à mort :
« Nous allons mourir pour la France, et tous trois, nous en sommes fiers. Ne vous laissez pas abattre. Songez à tous ceux de mon âge qui meurent obscurément sur tous les fronts »
Jean-Claude Graindorge et les membres de l’association insistent sur l’importance de rendre hommage à ses trois jeunes lycéens. «Mais, il ne faut pas s’arrêter aux trois fusillés. Ce sont 80 personnes, du lycée, qui sont décédées lors de la deuxième guerre mondiale. Certains se sont engagés dans les troupes normales et sont morts au front. D’autres se sont engagés dans la Résistance. Un certain nombre sont morts en déportation. D’autres ont accompagné le général de Gaulle dans les rangs de la France libre. » Le lycée Le Braz a d’ailleurs reçu la Croix de guerre.
Lors du 70ème anniversaire des arrestations du 10 décembre 1943, Robert Badinter, ancien ministre de la justice, était venu, au lycée Le Braz (aujourd’hui collège), pour rendre hommage à tous ces lycéens qui avaient fait le choix d’entrer en résistance. Il avait eu des paroles fortes qui résonnent encore :
« Ils sont morts ensemble pour que nous vivions libres. Que leur souvenir demeure vivant en notre temps où résonnent encore le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. L’amour de la patrie et de la liberté s’enracine dans l’amour de l’humanité tout entière »
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