La Bretagne, comme six autres régions de France, est passée en alerte épidémie pour la bronchiolite depuis le mercredi 27 novembre. Majoritairement bénin, ce virus peut être à l’origine de complications graves chez le nourrisson. De nouveaux traitements préventifs ont transformé la prise en charge de cette pathologie depuis deux ans, selon le docteur Amélie Ryckewaert, pédiatre au CHU de Rennes.
Le Dr Amélie Ryckewaert a constaté de nombreux passages aux urgences pédiatriques du CHU de Rennes ce week-end, pour des cas de bronchiolite. “Nous sommes en pleine épidémie. Comme chaque année à la même période, le virus circule énormément. Ca se traduit par une augmentation des infections respiratoires des nourrissons. On a clairement beaucoup de passages pour ces gênes respiratoires avec le virus du VRS, le virus de la bronchiolite.”
Chaque année, notre région enregistre environ 20 000 cas de Bronchiolite, selon l’agence régionale de santé. Dans son dernier bulletin, paru le 27 novembre dernier, Santé publique France a classé sept régions, dont la Bretagne, en risque épidémique à la bronchiolite. Un virus contre lequel il n’y a pas de traitement, rappelle le docteur Ryckewaert : “L'infection doit suivre son cours, ce qui peut entraîner des enfants très en difficulté pour respirer, des enfants qui auraient éventuellement besoin d'oxygène, et des enfants qui ont beaucoup de mal à s'alimenter. Ce sont les principaux points qui entraînent un recours à une hospitalisation.” Chaque hiver, la bronchiolite touche environ 30 % des enfants de moins de 2 ans.
Après un hiver 2022 marqué par la concomitance des épidémies de bronchiolite, de grippe et de Covid19 qui avaient engorgé les urgences pédiatriques du CHU de Rennes, la situation s’est aujourd’hui améliorée, affirme la pédiatre : “La nouveauté depuis deux ans, c'est qu'on a accès maintenant à une immunisation possible pour ces nouveaux-nés pour qu'ils puissent se défendre contre le virus du VRS, ce qui permet de diminuer de plus de 80 % les taux de bronchiolites graves qui nécessitent un passage aux urgences. Concrètement aujourd'hui même s'il y a beaucoup de monde aux urgences même si on voit encore beaucoup de bébés, et plutôt des bébés qui n’ont pas été vaccinés, on a moins de tout-petits, et donc moins d'engorgement, avec quand même certaines journées qui restent très compliquées en termes de flux.”
Deux nouveaux traitements préventifs ont en effet changé la donne dans le traitement de la bronchiolite. Le Beyfortus, un anticorps donné directement aux bébés depuis 2023, ainsi qu’un nouveau vaccin, autorisé depuis cet été en France, l’Abrysvo, administré à la mère lors du huitième mois de grossesse.
Au sujet du Beyfortus, note le docteur Ryckewaert, “ce n'est pas un vaccin, c'est une immunisation, c'est à dire que là on vient faire une injection d’anticorps qui vont permettre d'aller directement lutter contre l'infection. Sur le plan national, notamment grâce à l'arrivée de ce fameux Beyfortus, on estime qu'on a évité près de 6000 hospitalisations en 2023 par rapport à 2022.” Aujourd'hui, le médicament est indiqué en France pour tous les enfants qui sont nés depuis le 1er janvier 2024. Les études épidémiologiques indiquent une réduction de plus de 80 % des bronchiolites jusqu'à l'âge de 6 mois.
La mise sur le marché d’un nouveau vaccin, l’Abrysvo est venu renforcer l'offre de traitements préventifs en 2024. “C'est un vaccin qui est proposé aux mamans lors du 8e mois de grossesse et qui leur permet, à elles, de fabriquer des anticorps contre la bronchiolite. Ces anticorps vont de façon passive aller protéger le bébé dans les 5 à 6 mois après sa naissance. Aujourd'hui entre deux tiers et presque les trois quarts des mamans ont bénéficié de l’Abrysvo pendant la grossesse, ce qui est probablement la meilleure façon de protéger le nouveau-né dès la naissance."
La pédiatre estime à 80 % la diminution du risque de bronchiolite grave pour les nouveaux-nés dans les mois qui suivent la grossesse, sans effets secondaires majeurs rapportés. “ça a complètement révolutionné notre attitude, puisqu’il y a deux ans, on était face à un flux massif de tout-petits qui étaient très malades et qui devaient rester parfois une semaine, dix jours voire plus à l'hôpital, et qui parfois nécessitaient un passage en réanimation. Malheureusement on a aujourd'hui des enfants qui sont hospitalisés, mais qui sont plutôt un peu plus âgés, plutôt des 9 mois ,14 mois qui vont faire une première rencontre avec le VRS et qui n'auront pas bénéficié du Beyfortus en amont ou de l’Abrysvo pour la maman .”
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