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Européennes : les jeunes ne peuvent pas être réduits à leur abstention

Un article rédigé par Suzanne Marion - RCF, le 2 mai 2024 - Modifié le 2 mai 2024
Le dossier de la rédactionEuropéennes : les jeunes ne peuvent pas être réduits à leur abstention

Les 18-24 ans devraient s’abstenir massivement, selon un sondage réalisé par Ipsos en avril 2024 seuls 32 % d’entre eux sont “certains d’aller voter” le 9 juin. En moyenne, les Français sont 45 % à être sûrs de se rendre aux urnes. Mais s’ils se mobilisent peu lors des élections, les jeunes ne doivent pas être réduit à cette abstention. Leur participation politique et les tendances de votes sont bien plus complexes. 

 

Des jeunes électeurs  votent lors du second tour des élections présidentielles en 2022, dans un bureau de vote à Toulouse. ©Hans Lucas - Pablo TupinDes jeunes électeurs votent lors du second tour des élections présidentielles en 2022, dans un bureau de vote à Toulouse. ©Hans Lucas - Pablo Tupin

"Structurellement, les jeunes s'abstiennent plus que la moyenne", rappelle Christelle Craplet, directrice opinion à BVA et autrice d’une note sur les jeunes et les élections européennes pour la Fondation Jean Jaurès

La raison principale de cette abstention est le fossé qui se creuse entre les jeunes et les partis politiques : les jeunes mentionnent davantage que les autres "le fait que les listes politiques ne sont pas représentatives de leurs opinions, explique Christelle Craplet, ils ont un rapport beaucoup plus distant aux formations politiques."

 

Un électorat éloigné de l’Union européenne et de la campagne électorale

 

Les jeunes se sentent également éloignés de l’Union européenne : "C’est loin, on ne sait pas forcément ce qui se passe, on ne se sent pas forcément super concernés" concède Juliette, étudiante en 4e année d’orthophonie. Si elle essaye de s’intéresser aux élections, ce n’est pas le cas des jeunes autour d’elle. "Moi, je n’ai jamais entendu aucune de mes copines parler des élections européennes ou de quoi que ce soit relatif à l’Union européenne." observe l'étudiante.

 

Si les jeunes s’intéressent peu aux élections européennes, c’est aussi parce que la campagne a du mal à les atteindre. C’est l'analyse du sociologue Laurent Lardeux, chargé de recherche à l’Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire : "Les campagnes électorales se passent beaucoup sur les marchés, à la télévision, à la radio finalement dans des espaces et des moyens de communication qui ne sont pas ceux utilisés par les nouvelles générations, donc ça interroge sur le souhait ou pas des partis politiques et des élus de capter ce jeune électorat.


 

Des jeunes loin d’être désengagés 

 

Ce n’est pas parce que les 18-24 ans participeront peu aux élections européennes du 9 juin 2024 qu’il faut dresser le portrait d’une classe d’âge désengagée. "Ce sont deux tendances croisées que l’on observe : plutôt une baisse de la participation institutionnelle et à l’inverse, d’autres moyens de participer et de s’engager dans des formes moins conventionnelles notamment à travers des associations, mais aussi des collectifs comme ce qu’on peut voir sur le climat, précise Laurent Lardeux, il ne faut pas interpréter ce niveau de participation et de manière plus générale le niveau de participation à des partis politiques et des syndicats comme révélateurs du niveau d’engagement ou comme des preuves de citoyenneté de la jeunesse." Les jeunes se mobilisent aussi de manière plus spontanée, sous la forme de boycott de marques ou d’expression sur les réseaux sociaux.

 

Le Rassemblement national sort son épingle du jeu 

 

Le seul parti qui réussit à séduire massivement les jeunes est le Rassemblement national. Selon un sondage Ipsos réalisé en mars 2024, 32 % des moins de 25 ans comptent voter pour la liste menée par Jordan Bardella. C’est le parti qui progresse le plus chez les jeunes. En 2019, ils n’étaient que 15 % à avoir voté pour le Rassemblement national. Cette année le parti d’extrême droite devrait dépasser la liste des Écologistes qui en 2019 avait rassemblé 25 % des 18-24 ans.

 

Le score du parti devrait donc doubler dans cette catégorie de la population. "C’est un rattrapage" par rapport au reste de la population selon Christelle Craplet, qui prouve que le RN a réussi à élargir sa base électorale aux jeunes mais aussi aux retraités. "La stratégie sur les réseaux sociaux de Jordan Bardella est manifestement très efficace auprès de cette population, le fait qu’il ait énormément d’abonnés sur TikTok a probablement contribué à le faire identifier, à émerger et faire que c’est une personnalité politique bien connue des jeunes, ce qu'aucun autre candidat ne peut dire."

 

Mais ce score est aussi un paradoxe alors que les 18-24 ans sont très favorables à l’Union européenne. Selon l’Eurobaromètre, sondage réalisé par le Parlement européen, 48 % des 15-24 ans ont une image positive de l’UE, soit 11 points de plus que la moyenne nationale. 

 

"Probablement que les plus europhiles ne participeront pas au vote, et ceux qui votent pour le Rassemblement national ne sont probablement pas les plus europhiles" tente d’expliquer Christelle Craplet. Une preuve de plus que cet électorat n’est pas du tout homogène.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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