Journaliste d'origine lyonnaise, Fabrice Arfi est journaliste à Mediapart depuis sa création en 2008. Aujourd'hui coresponsable du service enquêtes du média d'investigation en ligne, Fabrice Arfi est aussi auteur. Il revient sur son parcours, où l'enquête et la révélation des faits constituent la colonne vertébrale de celui qui aime à se définir comme « obsédé du réel ».
Ne le présentez surtout pas comme un « journaliste d'investigation ». Pour Fabrice Arfi, tous les journalistes enquêtent pour produire des informations. Il est donc journaliste, tout court.
De la même façon, Fabrice Arfi tient à préciser qu'il n'a bien qu'un seul père, le sien, et que non, il n'est pas le fils spirituel de son ancien patron Edwy Plenel, fondateur de Mediapart pour qui il a par ailleurs beaucoup de respect, d'admiration et d'affection.
Pourtant, le destin de Fabrice Arfi est intimement lié à l'enquête - ligne éditoriale du journal en ligne Mediapart dont il est devenu l'un des cadres - et ce, dès l'enfance. Fabrice Arfi naît à Lyon le 4 septembre 1981, fils d’une mère enseignante dans un lycée à Vaulx-en-Velin et d’un inspecteur de police à la brigade financière au service régional de la Police judiciaire de Lyon, qui deviendra par la suite avocat.
Dans son enfance, Fabrice Arfi baigne ainsi dans les récits des expériences policières de son père qui sera d'ailleurs à l'origine d'une enquête ayant mis au jour un système de financement occulte des partis politiques grâce à des fausses factures, notamment de Radio Nostalgie, née à Lyon. La campagne législative du député-maire de Villeurbanne, Charles Hernu, fait partie du scandale.
Pour autant, ce n'est pas la soif d'enquête qui amène Fabrice Arfi vers le journalisme. Sa passion de jeunesse est la guitare, le Lyonnais se rêve en rockstar sur scène et c'est la chronique musicale qui l'amène à prendre la plume pour Lyon Figaro où il entre en 1999. Mais sa rencontre avec son voisin de bureau, le chroniqueur judiciaire Gérard Schmitt, est déterminante. A la lecture des articles de sa couverture du procès de Klaus Barbie dans les archives du journal, Fabrice Arfi vit son premier choc esthétiques avec le journalisme. Un premier déclic vers le monde de la justice et l'investigation.
Son aventure professionnelle se poursuit avec un passage à 20 minutes Lyon, puis la création de La Tribune de Lyon, grâce à l'apport financier de Fernand Galula, magnat lyonnais de la presse locale. Quelques mois après le premier numéro, tout début janvier 2006, Fabrice Arfi se voit refuser la publication d'une enquête sur le maire de Lyon Gérard Collomb, proche de Fernand Galula. Le journaliste lance alors un mouvement de grève, les deux hommes se brouillent et la patron procède au licenciement de son salarié.
Quelques mois plus tard, Fabrice Arfi entend parler du souhait d'Edwy Plenel, récemment parti du quotidien Le Monde, de lancer un média entièrement sur Internet, avec l'enquête comme ligne éditoriale. Le Lyonnais monte à Paris et intègre la rédaction de Mediapart quelques mois avant sa mise en ligne, effective en mars 2008.
Rapidement, le journal se fait un nom par ses révélations et les diverses enquêtes mettant au grand jour des dysfonctionnements d'Etat : la fraude fiscale du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, l'affaire Liliane Bettencourt ou encore le financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, dont le procès va s'ouvrir le 6 janvier 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris après un renvoi ordonné par le Parquet national financier... créé à la suite de l'affaire Cahuzac.
L’affaire du financement libyen est pour moi l'affaire des affaires. D’abord, son intrigue est sidérante. Ensuite, c’est celle qui permet de rentrer dans le ventre de la raison d’Etat comme aucune autre. L’intrigue est celle d’une démocratie – la nôtre – qui est soupçonnée d’avoir été stipendiée par une dictature, et non des moindres, celle de Mouammar Khadafi, à laquelle on va faire la guerre quatre ans plus tard. Enfin, c’est l’affaire où l’on va gratter l’écorce des plus sinistres bas-fonds de la real politik.
Seize ans plus tard, Fabrice Arfi est devenu coresponsable du service enquête de Mediapart et a écrit plusieurs livres, dont D'argent et de sang en 2018 sur la fraude à la taxe carbone, qui a inspiré la série éponyme à succès de Canal +.
Son dernier livre publié, intitulé La troisième vie (Seuil), est le résultat d'une quête personnelle concernant une affaire de contre-espionnage, à propos d'un espion roumain installé à Villeurbanne. Le récit mêlent de nombreuses identités, floutant la frontière entre la vérité et le mensonge, en venant percuter de manière intime la vie même de Fabrice Arfi, à travers des acteurs de l'affaire qu'il a pu croiser au long de son existence.
Un invité se livre dans un entretien long format agrémenté d'extraits sonores, au micro de Jean-Baptiste Cocagne. Le samedi à 17h et le dimanche à 10h.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !