Un éclairage complet, précis et colossal - 800 pages tout de même - sur l’histoire des droites et du catholicisme. Une histoire qui va de 1945 à aujourd’hui, décortiquée dans "À la droite du Père", publié ce vendredi aux éditions du Seuil. Un travail collectif avec une trentaine de chercheurs, sociologues et historiens, sous la direction du sociologue Yann Raison du Cleuziou et de l'historien Florian Michel. Ce dernier était l'invité de la Matinale RCF.
C'est un ouvrage revendiqué par ses auteurs comme le premier à s'intéresser aussi profondément à l'histoire des catholiques et des droites de 1945 à nos jours. Un champ auparavant délaissé. "Pendant longtemps, l’idée dominante était que les militances de gauche ouvraient vers l’avenir et le catholicisme de droite apparaissait comme une voie sans issue, traitée de manière secondaire", explique Florian Michel.
Il était alors important de s'y pencher pour sortir de l'essentialisation et de détailler des réalités complexes et surtout plurielles. "On observe que de 1945 jusqu’à nos jours, les catholiques votent entre 60 et 75 % pour des partis de droite", souligne l'historien qui ajoute que si d'autres facteurs interviennent, "la question religieuse demeure première pour expliquer les votes jusqu’à aujourd'hui".
Toutefois, il n'existe pas une droite catholique. "Il y a des éléments irréconciliables dans ces droites catholiques dont on voulait restituer le pluralisme. Quelqu'un comme Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing appartiennent à ces catholiques de droite mais aussi un François Fillon ou un Jean-Marie Le Pen."
Pour autant, il existe de nombreux points de convergence. Si les catholiques de droite se sont emparés ces 40 dernières années de sujets très sociétaux, d'autres enjeux ont été aussi très importants dans l'histoire. "Ils se retrouvent pendant longtemps sur des projets internationaux, sur la question coloniale missionnaire, sur la question de la guerre froide et de l’anticommunisme, sur la construction européenne", détaille Florian Michel.
Le militantisme des catholiques s'est d'ailleurs renforcé vers une droite plus radicale. En témoigne la Manif pour tous, née en 2012, en opposition à la loi Taubira qui a permis d'ouvrir le mariage civil et l'adoption aux couples homosexuels. "Il y a une forme de radicalisation dans certains groupes des catholiques de droite par défaut de représentation gouvernementale. On voit que l’étiquette Manif pour tous, ça joue comme une étiquette repoussoir et cela empêche l’émergence d’un catholicisme de centre-droit qui pourrait s’établir au pouvoir", conclut Florian Michel.
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