JavaScript is required

Frédéric Rognon: "On peut toujours s'inspirer de Martin Luther King"

RCF,  - Modifié le 4 avril 2018
Voilà cinquante ans que Martin Luther King a été assassiné. Le pasteur Frédéric Rognon revient sur la vie et l'héritage de cette figure historique.
Frédéric RognonFrédéric Rognon

Frédéric Rognon est pasteur et professeur de philosophie des religions à l'université de Strasbourg. Il revient sur la vie et les enseignements de Martin Luther King, assassiné en 1968.

Aujourd’hui, Martin Luther King fait consensus dans le monde entier. "Ce n’était pas le cas à sa mort en 1968. A partir de 1965, quand il a commencé à remettre en question la guerre du Vietnam, il a perdu ce consensus car il a touché à des questions qui fâchent". Lorsqu'il meurt, donc, Martin Luther King est autant haï que vénéré, ce que l'on a parfois tendance à oublier.

Dans le Panthéon américain, il occupe une grande place : grande statue à Washington, écoliers qui entendent parler de lui… mais de façon biaisée : on s’arrête souvent à la grande victoire sur les droits civiques. "On fait comme si, après 1965, il s’était endormi sur ses lauriers. Au contraire, il a radicalisé son engagement, s’est tourné vers le sort des plus démunis, a stigmatisé l’engagement militaire au Vietnam. Il a mis en question les fondements mêmes de la société américaine, parlant d’un suicide spirituel pour les Etats-Unis. Il a perdu beaucoup de soutiens."

De la non-violence à la désobéissance civile

Martin Luther King n’est pas né non-violent. Il a subi la ségrégation, s'est trouvé séparé de son meilleur ami étant petit puisqu'il était Noir et lui Blanc... Il dira qu’il a longtemps ressenti une haine à l’égard des Blancs. "Ce qui le fait basculer, c’est la rencontre avec Gandhi, et le boycott des bus : il réalise à quel point la non-violence est une force, surtout lorsqu’on est dans un rapport de forces défavorable".

D’un point de vue stratégique donc, la non-violence est plus efficace, mais il vit également une expérience spirituelle très profonde. Terrorisé par les coups de fils anonymes qui le menacent, il reçoit l’assurance que Dieu le soutiendra dans ses actions.

La première action qui l'engage, c'est le boycott des bus de Montgomery. "Cela reste dans le cadre de la légalité, personne ne vous oblige à prendre le bus. Ensuite, à partir de 1959, Martin Luther King va se lancer dans la désobéissance civile, il franchit un seuil. Il entre là dans l’illégalité, pas sous une forme délinquante, mais dans le fait de transgresser collectivement, au grand jour, les lois qui ne sont pas justes, et d’en assumer les conséquences".

Son but : le bien commun. Martin Luther King entraîne des foules qui le suivent joyeusement et avec beaucoup de courage. "Le propre de la non-violence, c’est qu’elle est à portée de tous. La violence, elle, est réservée à des hommes jeunes".

Un homme inspirant

"On peut toujours s’inspirer de Martin Luther King". La violence a montré ses limites. On ne sait pas comment répondre aux grands défis devant nous dans ce monde. "La non-violence est entre la violence et la passivité, c’est une troisième voie. Nous sommes invités à articuler notre foi et un engagement dans la non-violence, en tant que croyants".

Martin Luther King est un pasteur baptiste, d’une Eglise protestante historique, il s’inscrit dans une tradition chrétienne. C’est un homme de foi et de prières. "On le voit davantage comme un leader socio-politique, mais il est d’abord un homme spirituel. On ne peut pas comprendre ses engagements si l’on oublie cet aspect-là. Il lit la Bible, chante, trouve à se ressourcer dans la proximité avec son Seigneur".

Sans l’Evangile, pour lui la non-violence purement stratégique est un leurre. En témoigne cet exemple : le principal adversaire de Martin Luther King est le gouverneur Wallace, dans l’Alabama. En 1972, ce gouverneur, victime d’un attentat et paralysé, s’est converti. Il a voulu réparer le mal qu’il avait fait aux Noirs. "C’est vraiment l’illustration de ce qu’était la non-violence de MLK : n’avoir comme ennemi qu’un système, celui de la ségrégation, pour toucher le cœur des hommes et en faire des frères".

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.