Les États de l’Union Africaine seront réunis depuis dimanche dernier à Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. Le président français doit arriver pour la clôture du sommet. Aucune intervention de sa part n’est toutefois inscrite à l’ordre du jour. Parallèlement, Emmanuel Macron organisera un déjeuner auquel tous les chefs d’État présents sont conviés.
Il devrait essentiellement y être question du financement des opérations de maintien de la paix en Afrique. En particulier celles du G5 Sahel. Au programme, la formation militaire commune pour lutter contre les groupes armés djihadistes dans la région. Mais elle est encore loin d’être opérationnelle, comme le rappelle Serge Michailof chercheur associé à l’IRIS et spécialiste de la région.
"Pour l’instant, cette force est en cours de constitution mais cela prend un peu de temps de regrouper les forces d’autant qu’il y a eu pas mal de difficultés pour trouver des financements. L’Europe s’est faite tirer l’oreille et a limité son concours à 100 millions d’euros, ce qui apparaît comme très insuffisant. Il a fallu aller chercher le concours de l’Arabie saoudite pour boucler le financement qui est assuré pour à peu près 18 mois. Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une force pérenne qui va se mettre en place. Cette force va alléger le travail de Barkhane. Mais il ne faut pas se faire d’illusions. Avec 5.000 hommes dans un espace qui est grand comme environ l’Europe occidentale, cela ne va pas radicalement changer le rapport de force" explique-t-il notamment.
Ce dernier ajoute que l’action de l’armée mauritanienne a été positive, plus localement. "L’armée a quand même bien fait son boulot. Aujourd’hui, les groupes armés ont pratiquement disparu à tel point que les touristes commencent à retourner en Mauritanie. On voit bien qu’une armée bien tenue, bien commandée, arrive à régler ce problème" lance-t-il, expliquant que dans les autres pays du Sahel, la situation est bien différente.
"Au Mali, les efforts de construction d’armée ont été assez médiocres. Le chaos qui se met en place en particulier dans le centre du Mali finit par déborder sur les frontières des voisins, en particulier sur le Niger et sur le Burkina-Faso. Sachant qu’intervenir dans le centre du Mali c’est compliqué. Ce n’est pas parce qu’ils sont africains qu’ils seront mieux reçus que des soldats occidentaux" analyse encore ce chercheur à l’IRIS.
Enfin, Serge Michailof précise que le problème du Sahel est aussi un problème politique. "Il faut quand même avoir une politique inclusive qui permet d’offrir à chaque groupe ethnique une place dans le système, et il y a aussi la nécessité d’améliorer les conditions de vie de façon radicale, de créer des emplois dans les zones rurales qui sont en détresse dans certains pays. Cet effort s’accompagne d’une construction d’un appareil d’Etat. Le problème est beaucoup moins grave au Niger ou au Burkina, mais au Mali, il faut qu’il y ait un appareil d’Etat. Sans ça, les groupes armées vont revenir très rapidement" conclut-il.
A noter que vendredi dernier, un attentat a fait au moins six morts contre le quartier général de la force G5 Sahel à Sévaré dans le centre du Mali. Et dimanche, quatre soldats français de la force Barkhane ont été blessés lors d’une attaque terroriste dans un quartier de Gao, dans le centre-nord du pays.
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