À partir de ce lundi 22 avril, Météo France annonce une vague de gelées tardives jusqu’en plaine. Si le phénomène n’est pas nouveau, pour les arboriculteurs des Pays de Savoie, dont les vergers sont en fleur, les conséquences pourraient être terribles.
À la Motte-Servolex, les associés du GAEC de la Grand Maison gardent un œil attentif sur les prévisions météo. Ils le savent, les températures vont chuter et il faudra alors agir rapidement. “On a investi, il y a maintenant 2 ans dans un appareil, (...) c’est une chaudière à biomasse” explique Michel Sulpice, l’un des arboriculteurs. “On peut faire de la fumée ou du feu, c'est un appareil que l’on traîne derrière le tracteur et on circule à travers les vergers”. Toute la nuit, l’équipe sera à pied d'œuvre et pour cause, en quelques heures, le fruit d'une année de travail peut être réduit à néant.
En 2021, lors de ce que le ministre de l'Agriculture de l’époque, Julien Denormandie, avait appelé “la plus grande catastrophe agronomique du début de ce siècle”, le gel avait emporté jusqu’à 80 % des récoltes des professionnels du territoire.
Si voir le mercure chuter au mois d’avril n’a rien d’extraordinaire, le dérèglement climatique implique désormais des conséquences nouvelles pour les arboriculteurs. “La végétation démarre de plus en plus tôt, avec des températures élevées en février ou en mars” raconte Michel Sulpice. “Plus la végétation est avancée et plus nous sommes sensibles au gel”.
Proche de la retraite, l’arboriculteur craint pour son fils et la suite de l’activité familiale. “On est de plus en plus obligé sur nos exploitations de sécuriser les récoltes” déplore-t-il. “On a installé des filets paragrêles, maintenant, on a de l’arrosage, la chaudière biomasse… On pensait ne jamais investir dans ce genre de matériel”.
Aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour se protéger d’un climat qui change et se fait plus menaçant. “On s’interroge pour l’avenir” termine Michel Sulpice, abattu.
En 2021, suite au fort épisode de gel tardif, l’Etat avait débloqué une enveloppe d’un milliard d’euros pour venir en aide aux agriculteurs de France.
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