Le Père Yves Le Saux est un breton, que la vie sacerdotale a fait vadrouiller. Un jour, en 2008, le Vatican lui demande de poser ses valises au Mans, comme évêque. Juin 2022 : nouvelle nomination et nouveau territoire à découvrir ! Le nouvel évêque d'Annecy se confie sur son parcours. Et partage les enjeux de sa mission d'évêque et sa vision de l'Eglise aujourd'hui. Extraits de ce cette interview radio long-format à réécouter en intégralité en cliquant sur le lecteur ci-dessus.
RCF : A l'âge de dix-sept ans, vous avez vécu un appel spirituel, un profond besoin de prier. Savez-vous l'expliquer ?
Mgr Yves Le Saux : Adolescent, j'étais un peu déçu de ce que je voyais autour de moi, des comportements par rapport à l'alcool. J'aspirais à une vie plénière, à des relations vraies. Probablement grâce à l'éducation que j'avais reçu. Je mesure, aujourd'hui, tout ce que ma famille m'a transmis. En tous cas, à ce moment-là, j'ai recommencé à prier, seul. Et j'ai simplement compris que Jésus est quelqu'un à qui l'on peut s'adresser. C'était profond, de l'ordre de la certitude. C'était comme une photo qui passait du noir et blanc à la couleur: ça ne changeait rien, mais ça changeait tout!
A dix-sept ans, j'ai compris que Jésus est quelqu'un à qui je peux m'adresser. C'était comme une photo qui passait du noir et blanc à la couleur: ça ne changeait rien, mais ça changeait tout !
RCF : Que vous auront apporté la communauté de l'Emmanuel et l'Institut théologique de Bruxelles, pendant vos années de formation et le début de votre vie de prêtre ?
Mgr Yves Le Saux : A l'Institut d'Etudes Théologiques de Bruxelles, j'ai bénéficié d'un enseignement jésuite très moderne, centré sur la Parole de Dieu. Quant à la communauté de l'Emmanuel, je dois beaucoup au fondateur, que j'ai côtoyé. En communauté à Paray-Le-Monial, j'ai vécu la complémentarité des états de vie. Laïcs célibataires ou mariés, religieux, prêtres : nous nous engendrons les uns-les-autres. Quant aux années de voyage comme responsable international des prêtres, diacres et séminaristes de la communauté: je pense que cela fait du bien, d'aller voir comment d'autres chrétiens vivent la vie ecclésiale.
RCF : Avez-vous été surpris de votre nomination comme évêque du Mans ?
Mgr Yves Le Saux : Ah oui, ce n'était pas prévu au programme ! Subjectivement, je n'avais qu'une envie : ne pas le faire! Mais objectivement, je n'avais aucune raison de refuser. J'ai choisi, à dix-huit ans, de suivre le Christ. J'ai décidé d'obéir à Dieu. Et Sa volonté passe par l'autorité légitime et les appels successifs.
Devenir évêque: ce n'était pas prévu au programme !
RCF : Qu'avez-vous appris, au Mans, de la charge épiscopale ?
Mgr Yves Le Saux : Je crois aux regards croisés. On a le droit de ne pas être d'accord, mais on cherche ensemble le bien, sans idéologie ni revendication du pouvoir. Les gens considèrent trop souvent l'évêque comme le préfet des cathos, celui qui doit organiser le système. Ce n'est pas ça ! La première mission de l'évêque est d'annoncer la résurrection du Christ et la miséricorde de Dieu. L'évêque et les prêtres, par leur ministère, doivent manifester que Jésus, bon berger, est là. Il faut donc aimer les gens. Au Mans, non seulement j'ai aimé les gens, mais je me suis attaché à eux. Les quitter a été un arrachement. Mais la Joie est dans le don !
On cherche ensemble le bien, sans idéologie ni revendication du pouvoir
RCF : Au-delà des enjeux locaux haut-savoyards que vous allez découvrir, quel est le défi des catholiques aujourd'hui ?
Mgr Yves Le Saux : Vivre l'exigence évangélique, c'est le défi de toujours. Un vieil évêque prenait l'image du poêle à bois : si ça brûle à l'intérieur, ça réchauffe à l'extérieur ! La qualité de notre relation personnelle au Christ et de la charité entre nous sont les conditions de la mission. Ensuite, il faut savoir comment annoncer la nouveauté du Salut, à des gens qui ne savent pas qu'il peut y avoir une réponse dans l'Eglise.
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