Il a au moins deux manières d’annoncer la fin du mouvement. Décréter comme le fait l’exécutif que le mouvement n’a plus lieu d’être compte-tenu du rééquilibrage de la politique gouvernementale.
Une autre, à peine plus bienveillante, consiste à compter des rangs clairsemés et les comparer à ce qu’ils étaient il y a bientôt un an et à réduire ainsi ce mouvement à une poussée de fièvre. La mobilisation était en effet très faible samedi dernier pour l’acte 51 des gilets jaunes. Quelques centaines de manifestants çà et là dans toute la France.
Est-ce vraiment la fin ?
Ces deux approches portent chacune une part de vérité, mais l’une et l’autre ignorent ce qui constituait le cœur du mouvement : une aspiration très claire à ce que la parole de ceux qui l’ont peu dans le débat public soit mieux entendue. Une exigence plus importante pour beaucoup de gilets jaunes que les revendications matérielles.
En un an, les choses ont-elles changé sur ce terrain ?
Certes, le gouvernement manifeste une qualité d’écoute du monde rural et des inquiétudes sociales. Mais des colères continuent de s’exprimer dans le désordre contre la réforme l’assurance chômage ou par des révoltes catégorielles comme dans les hôpitaux, la police, les pompiers, EDF ou à la SNCF.
Et les 500 personnes, déléguées des rond points, réunies le week-end dernier à Montpellier ont témoigné d’une réelle combativité notamment dans la perspective de la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites.
Ce ne sont là que des déclarations d’intention qui n’indiquent rien de précis pour la suite. Mais elles surfent sur une réelle une inquiétude sociale en France. Le gouvernement est d’ailleurs à ce point conscient des risques encourus dans l’hypothèse d’une avancée à marche forcée sur le dossier de la réforme des retraites qu’il a déjà envisagé un plan qui consisterait à n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants.
Du coup, son projet s’en trouverait affaiblit. C’est évidemment dommage pour l’ambition d’installer un système par répartition universel. Mais quand on porte le projet de réformer en profondeur, y arriver impose d’avoir pour souci principal l’équité et le partage des efforts.
Ce ne sont pas là les points forts du macronisme. D’où la nasse dans laquelle l’exécutif s‘est lui-même enfermé.
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