Qui va diriger Haïti à partir du lundi 8 février ? La question a le mérite d'être posée. Le président actuel, Michel Martelly voit ses fonctions prendre fin le dimanche 7 février. La constitution avait fixé la date de départ du chef de l'état. Mais son successeur n'est toujours pas désigné. Des élections présidentielles ont pourtant eu lieu. Le premier tour s'est déroulé le 25 octobre 2015. Mais après la publication des résultats, l'opposition a crié à la fraude. Jovenel Moïse, le candidat du pouvoir, était arrivé en tête avec plus de 30% des voix, loin devant Jude Celestin, le candidat de l'opposition.
Jude Celestin a refusé de participer au second tour, dénonçant un scrutin en forme de farce et un coup d'état électoral de la part de Michel Martelly. Pour protester, les opposants au pouvoir ont vandalisé certains bulletins de vote. Face à ces violences, le scrutin a été reporté mais aucune date n'a été fixée. A partir du lundi 8 février, le pays se trouve donc dans une situation de flou politique. Une situation qui interroge à l'intérieur mais aussi à l'extérieur du pays. "La communauté internationale joue un rôle étrange dans la crise haïtienne, en demandant la poursuite du processus électoral et en acceptant la fraude", note Christophe Wargny, spécialiste de politique Haïtienne.
Pour Christophe Wargny, cela fait plusieurs années déjà que la communauté internationale ferme les yeux sur les agissements en Haïti. "Elle (la communauté internationale) n'a pas réagi lorsque le président Martelly a remplacé certains maires par des délégués qu'il nommait", détaille-t-il. "Elle ne s'est pas non plus manifesté alors que le président n'organisait d'élections à aucun niveau politique", ajoute Christophe Wargny. Le spécialiste de la politique haïtienne veut y voir des intérêts de la part des pays étrangers. Michel Martelly est quelqu'un d'accommodant. Il a permis la stabilité et l'ultralibéralisme", décrypte Christophe Wargny.
Selon lui, la situation de vide politique et les tensions en lien avec les élections pourraient changer la donne. "La communauté internationale finance les élections donc elle aime bien que le président lui convienne", déclare Christophe Wargny. Et de conclure : "Le contexte actuel plonge la communauté internationale dans l'inconnu, et c'est ce dont elle a peur".
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