'Je ne demande pas autre chose aux forêts
Que de faire silence autour des antres frais
Et de ne pas troubler la chanson des fauvettes.
Je veux entendre aller et venir les navettes
De Pan, noir tisserand que nous entrevoyons
Et qui file, en tordant l'eau, le vent, les rayons,
Ce grand réseau, la vie, immense et sombre toile
Où brille et tremble en bas la fleur, en haut l'étoile.'
Victor Hugo
C'est Philippe Grandcolas qui a choisi ce texte de Victor Hugo comme préambule de cette émission,'parce que ce poème fait référence à la complexité du vivant, aux relations entre les organismes qui ne sont pas isolés les uns des autres, qui se trouvent eux-mêmes d'ailleurs sur terre sous l'influence cosmique des rayons du soleil.'
Philippe Grandcolas est écologue, il dirige l'institut de sysématique, évolution, biodiversité, un laboratoire sous la tutelle du CNRS, du Museum d'Histoire naturelle, de la Sorbonne, de l'Ecole pratique des Hautes Etudes et de l'Université des Antilles. Ce laboratoire 'rassemble plus de 200 personnes qui étudient la structure de la biodiversité'.
Avec quelques collègues, il travaille depuis longtemps sur les écosystèmes du Pacifique et connaît donc bien l'Austalie. Il décrypte pour nous les causes, les conséquences et les enjeux des incendies qui ravagent l'Australie depuis le mois d'octobre. Il estime que l'épisode en cours est exceptionnel et anormal par rapport aux incendies qui se produisent régulièrement en Australie, même les plus importants : 'on est dans le cadre d'un événement où il y a un forçage climatique très important, avec une sécheresse causée par le changement global du climat sur la terre, et l'ampleur des dégâts nous montre vraiment que la situation évolue'.
'La quantité de vivant qui a brûlé est colossale' affirme Philippe Grandcolas: plus d'1 milliard d'animaux morts si on prend seulement en compte les grands vertébrés: les mammifères, les oiseaux et les reptiles. Mais le scientifique esxplique que ce chiffre 'est uniquement la partie émergée de l'iceberg que tout le monde connaît, les koalas, les kangourous, etc, mais si on s'intéresse à toute cette fraction de la biodiversité dont personne ne parle presque jamais, les insectes, les mollusques, les autres arthropodes, les parasites, etc, c'est bien plus et avec un collègue Jean-Lou Justine on a évalué le bilan à plus d'un million de milliards d'animaux morts'.
S'il travaille en laboratoire, Philippe Grandcolas est aussi un scientifique de terrain, qui se confronte concrètement à son objet d'étude et c'est encore un scientifique qui veut partager son savoir et ses découvertes et sensibiliser le public à la nécessité de préserver la biodiversité. Ses arguments sont nombreux et il termine par celui-ci: 'pour le futur, la biodiversité peut se révéler avoir des valeurs ou des services que nous ne connaissons pas encore et la détruire aujourd'hui c'est perdre sa valeur intrinsèque mais c'est aussi perdre les options que nous pourrions avoir pour le futur. Donc c'est une attitude profondément irrationnelle'.
L'émission est rythmée par les 4 chroniques récurrentes de Commune planète :
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