Alors que le bilan des inondations s’alourdit en Espagne, comment prévenir les épisodes de dérèglement climatique ? Face aux catastrophes météorologiques qui se multiplient, la question de l'adaptation des villes et des plans de prévention se pose de plus en plus urgemment.
Des parkings inondés, des voies de chemin de fer détruites, des commerces entièrement ravagés. En Rhône-Alpes, les images impressionnantes des crues des 17 et 18 octobre sont encore dans les esprits. Celles-ci ont entrainé des débordements de plusieurs cours dans la Loire, l’Ardèche, le Rhône ou encore la Haute-Loire.
Une situation inédite que le maire de la commune sinistrée de Rive de Gier, dans la Loire, n'avait pas pu anticiper. “Le phénomène météo était exceptionnel. On a compris qu’on allait vivre une crue extrêmement forte au moment du débordement d’un affluent du Gier qui a inondé notre centre technique municipal”.
Les jours qui ont suivi ont été consacrés au nettoyage et au déblayage de la ville, pour espérer “reprendre une vie normale le plus vite possible”, poursuit Vincent Bony.
En quinze jours, la France a connu deux épisodes similaires. Après les inondations survenues du 8 au 13 octobre liées à la tempête Kirk, 531 communes ont été placées en état de catastrophe naturelle.
L'arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour celles touchées par les inondations du 17 octobre devrait être publié en fin de semaine, ouvrant le processus d’indemnisation.
“L’état des routes est catastrophique. A force du nombre de ces épisodes pluvieux, on sent que les terrains se fragilisent. On doit se mobiliser pour trouver des solutions car on est un peu démunis”, abonde l’édile de la petite ville de Reventin Vaugris dans le Nord Isère, Edith Ruchon.
Dans le Rhône également, des routes départementales sont restées coupées à la circulation. D'après le président du département Christophe Guilloteau, les dégâts se chiffrent déjà à plus de deux millions d'euros.
Remis le 24 septembre dernier, un rapport sénatorial pointait le manque d'anticipation et de moyens face au risque de crues. Le rapport rappelle que les inondations « constituent le premier risque naturel en France » et sont responsables de la moitié des personnes sinistrées liée aux catastrophes naturelles. 18,3 millions de Français résident et travaillent dans des zones exposées aux inondations.
Un manque qui coûte cher : d’après la Caisse centrale de réassurance, le coût des inondations des seules journées des 17 et 18 octobre est estimé entre 350 et 420 millions d'euros.
“Le risque d’inondation concerne 1 habitant sur 4 et 1 emploi sur 3, et on estime à 50 milliards le coût de l’indemnisation d’ici 2050. Ne pas agir serait plus coûteux qu’agir”, martèle Alexandre Bacher, directeur de l’agence Cerema qui accompagne les territoires dans l'adaptation au changement climatique.
Si les causes sont avant tout liées au dérèglement climatique, les inondations peuvent être aggravées par des facteurs humains et des choix d’aménagement du territoire qui ont rendu les villes imperméables.
“Depuis un siècle en France on a construit des commerces, des logements, des industries dans des zones inondables à haut risques. D’autre part, on a imperméabilisé nos villes en bétonnant et bitumant. Conséquence, les eaux arrivent de plus en plus vite dans endroits les plus bas des bassins versants”, analyse l'expert.
Pour Alexandre Bacher, il est toutefois possible d’inverser la tendance. “Les solutions techniques existent : il faut renouer avec la nature, désimperméabiliser, restaurer les milieux naturels, végétaliser, planter des arbres…”
En déplacement dans le Rhône la semaine dernière, le premier ministre Michel Barnier a présenté le troisième plan national d’adaptation au changement climatique. Parmi les pistes, le chef du Gouvernement a notamment promis l'augmentation du Fonds de prévention des risques naturels majeurs de 75 millions d'euros supplémentaires en 2025.
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