Cette rentrée, particulièrement angoissante, est placée sous le signe de l’insécurité. Je pense bien sûr à l’insécurité sanitaire, avec l’épidémie qui couve toujours. A l’insécurité économique et sociale, ensuite, avec les faillites qui menacent ; les 600 000 emplois détruits rien qu’au premier semestre ; les 750 000 jeunes censés faire leur entrée sur le marché du travail cette année. L’insécurité tout court, aussi, avec l’envolée réelle de ce qu’on appelle les violences « non crapuleuses », ces fameuses « violences gratuites » - je mets des guillemets avec les doigts - qui nous font collectivement si peur.
Tout cela est bien au menu du séminaire de rentrée du gouvernement, ce mercredi. Le plan de relance ; ses 100 milliards ; les violences… On ne peut pas dire que nos politiques négligent le sujet, ce serait complètement faux : ils en parlent tous. Ce qui m’interroge, en revanche, c’est que tout cela ne les empêche de se chamailler autour d’un autre agenda, omniprésent dans les universités d’été organisées par les partis depuis le milieu de l’été : la présidentielle de 2022.
Je trouve qu’il y a un décalage entre cette obsession – parce que c’en est bien une - et les préoccupations des Français. Le sujet revient sans arrêt, chez tout le monde, sous diverses formes. Au Rassemblement national et à La France insoumise, par exemple, c’est la vieille garde - Marine Le Pen ; Jean-Luc Mélenchon – que certains cadres rêvent de pousser dehors. Au Parti socialiste, comme chez Les Verts, ou Les Républicains, c’est le choix d’un candidat qui perturbe les débats, et la façon de le désigner - si possible sans s’écharper à mort en public - qui fait que ces trois familles se donnent en spectacle.
Et du côté de la majorité présidentielle, La République en Marche - qui organise des campus régionaux ce week-end - a le problème inverse de ses concurrents. Elle a un candidat naturel, elle, Emmanuel Macron, évidemment, mais ce dernier n’a toujours pas - de - parti. Les municipales ne lui ont pas permis de se doter de l’ossature de terrain dont il aura besoin pour faire campagne en 2022, ce qui l’oblige à rechercher des alliances avec les centristes, qui ne lui font pas de cadeaux. Le Modem, par exemple, cette semaine, semble avoir plus travaillé à piquer des députés au groupe des Marcheurs à l’Assemblée qu’à soutenir le gouvernement.
Parler des présidentielles maintenant fait du mal aux partis d’une certaine façon. Mais la vérité, c’est qu’ils peuvent difficilement faire autrement. La présidentielle n’est pas une élection qui s’improvise sur un coin de table, surtout si vous prétendez y aller avec de nouvelles têtes. Il faut occuper le terrain pour marquer les esprits. Beaucoup. Longtemps. Donc se lancer tôt. A 18 mois de l’échéance, on peut même se dire que les partis sont en retard. C’est maintenant qu’ils doivent se choisir un champion. Pas à la Saint-Glin-Glin. Ce qui explique pourquoi on n’a pas fini d’en parler, alors que nous avons, malheureusement, collectivement, bien d’autres chats à fouetter…
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