Après la mort du puissant général Soleimani, l’Iran n’a effectivement pas tardé à riposter. Les 22 missiles balistiques tirés par Téhéran sur des bases américaines n’ont cependant pas fait de victimes parmi les troupes américaines. Une riposte mesurée donc qualifiée de "gifle à la face" des Etats-Unis par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.
Donald Trump a pour sa part annoncé de nouvelles sanctions économiques à l’égard de l’Iran mais s’est gardé de toute surenchère militaire. Le locataire de la Maison Blanche a précisé dans une allocution que les Etats-Unis étaient prêts à la paix. Pour l’historien Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au CNRS, spécialiste du Moyen-Orient et auteur du livre "Chiites et Sunnites: La grande discorde" (éd. Tallandier), si l’heure semble à l’apaisement cette escalade mesurée est un jeu dangereux.
Et l’Irak, qui est le terrain de jeu de ce bras de fer se trouve pris en étau comme le rappelle Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques. Cet assassinat du général Soleimani par les Etats Unis pourrait renforcer non seulement la mainmise de l’Iran sur l’Irak mais il a donné l’occasion à Téhéran de s’affranchir davantage de l’accord de 2015 sur son programme nucléaire. La République islamique a en effet annoncé dimanche qu’elle ne s’imposait plus de limites pour l’enrichissement d’uranium. Les intérêts de Donald Trump sont ailleurs. Dans ce face à face avec l’Iran, le président américain cherche avant tout à satisfaire son électorat.
La Chambre des représentants contrôlée par les démocrates a adopté la nuit dernière une résolution pour limiter le pouvoir de Donald Trump de lancer des opérations militaires contre l’Iran. Un texte largement symbolique qui aura du mal à passer le cap du Sénat contrôlé par les Républicains. En attendant, c’est la population irakienne qui fait directement les frais de cette crise entre les Etats Unis et l’Iran. C’est bien sur le sol irakien que les deux puissances s’affrontent aujourd’hui. Des Irakiens qui espèrent un peu de répit après la riposte iranienne. C’est ce qu'a confié à RCF le père Amir, supérieur du couvent des dominicains à Bagdad.
L’Irak, "arène" collatérale des violents "règlements de compte" américano-iraniens. Ce sont les mots du cardinal Louis-Raphaël Sako, patriarche des Chaldéens. Il a lancé samedi dernier un appel en faveur du dialogue, pour enrayer le risque d’une nouvelle escalade qui pourrait avoir des "conséquences inimaginables" dans le pays.
Dans ce contexte tendu, l'Union européenne n'a que peu d'influence. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont rendez-vous en début d’après midi à Bruxelles, pour une réunion extraordinaire sur la crise iranienne. L’Union européenne cherche, par des déclarations, à apaiser les tensions mais n’a pas franchement d’influence comme le confirme Pascal Boniface.
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