Souvenez-vous. Le 6 avril 2009, un violent séisme de magnitude 6,3 frappait la région des Abruzzes en Italie, causant la mort de 308 personnes, et détruisant de nombreux édifices. Parmi eux, l’église Santa Maria del Suffragio de l’Aquila, l’un des villages les plus touchés par la catastrophe naturelle. Suite à une demande du gouvernement italien, la France avait alors « adopté » l’église, acceptant de contribuer à hauteur de 50% au chantier de reconstruction.
A l’époque, le chantier était de taille. Le séisme avait abîmé la façade de l’édifice religieux, et détruit la magnifique coupole baroque. Montant des réparations : 6,5 millions d’euros. Les travaux ont depuis suivi leur cours, et jeudi 6 décembre dernier, l’église a pu être inaugurée en présence de la ministre française des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, et de Sergio Mattarella, le président italien. Avant d'être reconsacrée le lendemain.
Un chantier auquel a participé Didier Repellin, architecte, inspecteur Général des Monuments Historiques, architecte en chef des monuments historiques. Joint par RCF, ce dernier a expliqué que "cette église avait plusieurs significations. Une signification religieuse moins connue, puisque c’est l’église des âmes du purgatoire. Elle a été construite en 1703, après un tremblement de terre qui avait rasé la ville. Ils ont érigé cette église pour ceux qui n’avaient pas eu le temps de se convertir avant le tremblement de terre. Le deuxième élément important est que la coupole de l’église était de Valadier, un architecte français. C’était une sorte de symbole".
Pour restaurer cette église, la méthode fut la suivante. "Les Italiens ont des urgentistes du patrimoine. La sauvegarde du patrimoine italien est l’article 9 de leur Constitution. Tout se met en état de marche dans des délais invraisemblables. Très rapidement, des grues sont arrivées. Les architectes ont été hélitreuillés et sont descendus dans l’édifice pour sauvegarder ce qui était encore sauvable. Le pari était de conserver le maximum, dont le quart restant de la coupole" ajoute Didier Repellin.
Côté technique, on retrouve beaucoup de similarité dans la réflexion, avec l’époque de 1703. "Dès cette époque, ils avaient l’intelligence de comprendre les problèmes sismiques et ils avaient introduit dans le tambour de la coupole trois cercles en bois assemblés, et à un mètre de distance sur la hauteur du tambour. Des tirants en bois destinés à apporter de la souplesse en cas de séisme. Mais on a découvert que ces cintres en bois avaient été très abîmés par des infiltrations d’eau, et qu’ils n’avaient pas pu fonctionner. Mais s’ils n’avaient pas été abîmés, ils auraient fonctionné. On a tiré des leçons de cela, mais on a gardé le même principe, mais à l’extérieur, avec des sortes de ceinture qui maintiennent la coupole comme un corset" conclut cet architecte.
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