Jacques Attali, aujourd'hui président de la Fondation Positive Planet, se défend d’être quelqu’un de pressé. "On est pressé par le temps. Chaque seconde compte et l’on n’a qu’une vie. Le monde ne va pas aussi bien qu’il pourrait aller. La situation est assez ironique : les riches sont impatients et les pauvres sont patients. Et cela devrait être l’inverse" explique-t-il notamment au micro de Stéphanie Gallet.
Lundi dernier, sur son blog, Jacques Attali affirmait ne pas bouder son plaisir par rapport au fait que la France se porte mieux aujourd’hui. Un constat qu’il réitère sur RCF. "La France va psychologiquement mieux. Elle a retrouvé confiance en elle-même. Elle a retrouvé confiance en ce qu’elle est, une immense nation avec un potentiel extraordinaire et une richesse immense, même si elle est mal partagée" ajoute le président de Positive Planet.
Aujourd’hui, se réunissent à Davos de nombreux chefs d’États et de gouvernements ainsi que de nombreux chefs d’entreprises. Jacques Attali regarde cette réunion avec bienveillance. Il y assistera dès mercredi 24 janvier prochain. "C’est un lieu utile à la fois pour les hommes politiques, les hommes d’entreprises, les écrivains, les intellectuels et les patrons d’ONG, c’est d’ailleurs à ce titre-là que j’y vais. J’ai dit une fois de manière un peu ironique mais tendre, que c’est la machine à café de la planète. Aucune décision n’est prise, mais des tas de gens s’y voient. C’est un lieu où on mesure le pouls de la planète" précise –t-il.
Dans le cadre de Positive Planet, Jacques Attali défend l’économie positive. "C’est l’économie qui travaille dans l’intérêt des générations suivantes. On prend les décisions de sa vie, dans l’intérêt de ses enfants. Nous devrions faire la même chose pour les générations futures. Une économie n’est positive que si elle travaille dans l’intérêt des générations suivantes" analyse Jacques Attali.
Selon lui, à Davos, l’économie positive commence à percer. "Je vais en parler. Mais beaucoup de gens commencent à le voir. Nous avons fait un classement des nations selon leur degré de positivité et ce sont les pays d’Europe du Nord qui sont les mieux placés. Nous allons publier dans quelques mois un classement des entreprises en fonction de leur intérêt pour l’économie positive. Cela révèlera quelques surprises. Et nous faisons aussi un classement des villes positives. Nous essayons de montrer que c’est le grand critère non seulement moral mais aussi économique. Plus on pense à l’intérêt des générations futures, plus on est riche" plaide encore Jacques Attali.
Ce dernier se défend toutefois de toute forme de naïveté. Pour lui, il y a de l’efficacité dans l’économie positive. "Le classement des nations les plus positives montre que les nations d’Europe du Nord qui sont en termes de niveau de vie les plus élevées du monde sont aussi les plus positives. Cela n’est pas un hasard. A l’inverse, les nations les moins positives sont les plus pauvres".
Avec sa Fondation Positiv Planet, Jacques Attali a lancé il y a quelques semaines les États généraux des générations futures. "Cette consultation concerne chacun de nous. L’objectif c’est que chacun dans le monde se rende sur le site, et donne sa contribution. Il y a encore tout le mois de février pour le faire. Cela part de l’idée que même si certains veulent mettre des barricades, nous sommes un petit village. Nous sommes une seule espèce humaine mais nous n’avons pas de forum planétaire. Nous avons voulu que tout le monde puisse dire quelque chose. Et les réponses seront cristallisées et transmises aux chefs d’États du G20" précise-t-il.
Le président de la Fondation Positiv Planet conclue en affirmant qu’avant de s’occuper du climat, de la faim dans le monde et de la guerre, il faut que le monde se pencher sur la question de la bienveillance. "Une fois que l’on aura mis cela dans notre logiciel de pensée, alors nous serons en situation de régler tous les autres problèmes, celui des exilés, du climat, de la misère. Je sens qu’il y a une grande bienveillance disponible, et une demande de bienveillance. Les gens ont envie d’avoir du sens. C’est la grande bataille idéologique d’aujourd’hui : entre l’altruisme et l’égoïsme, entre la bienveillance et le narcissisme" conclut-il.
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