Des factions rivales, Daech en embuscade. La situation en Libye est loin d’être résolue. D’où la tenue, mardi 29 mai, d’un sommet à Paris organisé par le président de la République.
"C’est le deuxième grand sommet sous la présidence Macron. Le premier, en juillet 2017, n’avait pas produit beaucoup de résultats concrets. La feuille de route qui avait été présentée à l’époque n’avait pas été signée par les deux protagonistes principaux. Cette fois-ci, il risque d’y en avoir un ou deux de plus. Malheureusement la Libye est un conflit où il y a une longue collection de protagonistes importants en termes de paix et de sécurité. C’est un sommet extrêmement ambitieux. Il y a une emphase sur les apparences, la promesse de paix, l’effet Macron. Mais dans la réalité du conflit, je ne m’attends pas à grand-chose" explique Jalel Harchaoui, doctorant-chercheur à l’université Paris 8 et spécialiste de la Libye.
"Il y a certaines zones du pays qui aujourd’hui ont trouvé un équilibre. Mais c’est un équilibre extrêmement corrompu. Quand il y a de la sécurité, elle est fournie par des milices, et non pas par une vraie police ou une vraie armée. Et en dehors de ces zones d’équilibre, il y a des zones marginalisées, qui se sentent exclues. Finalement, ceux qui vont bien ont tendance à user de la force et ceux qui vont mal font la même chose pour d’autres raisons. On n’est pas à l’abri de coups de force. Et l’aspect diplomatique est extrêmement important. Quand on donne de la légitimité à tel acteur, cela peut modifier son comportement" ajoute Jalel Harchaoui.
"Elle est ténue et c’est un conflit de basse intensité. Il y a des opportunités qui sont manquées, souvent car on n’exerce pas un moyen de pression suffisamment convainquant sur les gâcheurs de fête libyens. Ce sont des gens capables de faire des compromis mais qui continuent à utiliser toutes les opportunités de ce pays très riche. La Libye, c’est une orgie de corruption. C’est un pays très riche en termes d’extraction de ressources pétrolières mais également avec tout l’argent de la manne pétrolière épargné dans les années 2000. Et les autorités libyennes sont bien au courant de cela, et tentent de récupérer l’argent" conclut ce spécialiste de la Libye.
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