L’audace est à l’évidence une marque de fabrique du chef des Insoumis. Les hologrammes de la campagne présidentielle de 2017, le fait de subordonner sa candidature en 2022 à un parrainage de 150 000 citoyens sont deux exemples d’innovation dans le ronron des campagnes présidentielles.
Sa personnalité délibérément clivante – nourrie par un discours à l’emporte-pièce – lui ouvre un espace médiatique considérable. Il est ainsi devenu une tête de Turc privilégiée de la République en marche. Bref, Jean Luc Mélenchon sait se faire exister dans le débat. Au point de ne pas craindre de se lancer dans la bataille, au moment où les médias en sont encore à commenter, en long en large et en travers, l’élection de Joe Biden…
Cet art du contre-pied, nourri par un talent oratoire et son score honorable en 2017 (quatrième avec 19,58% des voix et 7 millions d’électeurs) nourrissent ainsi légitimement ses ambitions pour cette troisième candidature à la présidentielle.
À ce moment, l’observateur peut être saisi de sérieux doutes… Après les crises successives qui ont agité la France ces dernières années – gilets jaunes, réforme des retraites, crise sanitaire, attentats terroristes – la demande politique en France est majoritairement à l’apaisement, une promesse qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi à tenir. Cette demande est d’ailleurs partagée dans nombreux pays du monde.
Le temps des artisans de paix semble venu, de ceux qui seront capables de construire des consensus, de faire progresser la participation citoyenne et la conscience environnementale et qui feront sortir le débat politique de l’hystérisation. Des sages donc, dont on peut dire que Jean Luc Mélenchon n’est pas vraiment l’incarnation. D’une certaine manière ses talents de polémiste et ses coups de gueule qui lui ont assuré jadis une visibilité le desservent aujourd’hui. Comme ses élans oratoires, empruntés à Jean Jaurès, qui donnent à ses discours un côté délicieusement vintage. Jean-Luc Mélenchon est déjà daté.
Daté aussi sur le plan tactique…. La seule chance de la gauche, même si elle reste faible, de figurer au second tour de la présidentielle de 2022, serait d’aller rassemblée à la bataille. Soucieux de concourir en personne, fort de sa notoriété, méprisant le caractère collectif de l’entreprise, Jean-Luc Mélenchon vient de balayer cette hypothèse en commençant à occuper l’espace.
Et si échec il y a pour son camp, il en portera une part de responsabilité.
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