La Colombie, qui vient d'élire un nouveau président, est un pays déchiré depuis longtemps par la guerre civile. Comme dans toute guerre, les femmes sont les premières victimes. Ce sont elles qui subissent l'absence des maris, la mort des fils et qui doivent assurer seules la terreur vécue au quotidien.
Pourtant le film de Catalina Mesa célèbre la vie et la joie de vivre. La réalisatrice a posé sa caméra dans le petit village de Jerico, perdu dans les montagnes de Colombie. C'est un très joli village que les habitants entretiennent avec soin, un village aux façades colorées, propres et lumineuses. Les volets et les portes sont de couleurs vives et joyeuses, comme les sourires des femmes qu'on y rencontre.
On entre dans le film avec Chila qui habille son grand corps d'imprimés aussi joyeux qu'elle. Elle dort dans une chambre ornée d'une incroyable collection de chapelets. Elle a la parole généreuse et même si elle a passé l'âge des émois amoureux, elle s'amuse à imaginer un soupirant. Dans l'église du village, elle est chez elle. Fabiola, elle, collectionne les statuettes de saints, qu'elle vénère et houspille dans un même souffle. Elvira a 102 ans et attend la mort sans impatience. On rencontre aussi la première institutrice du village, Celina et ses vaches, et d'autres encore jusqu'à la jeune infirmière et Laura, une fillette au sourire radieux.
Et comme on l'a entendu dans la bande annonce, même la musique est très joyeuse. Elle est tirée du répertoire populaire colombien et interprété par la pianiste Teresita Gómez. Elle accompagne tout le film, soulignant l'ardeur de ses femmes à donner la vie et à la garder. La réalisatrice tient à montrer l'essence même de son pays, à entrer dans la grande Histoire par les petites histoires de celles qui rient de bon cœur et prient avec ferveur pour repousser leur chagrin. Dans ce village où on construit des cerfs-volants pour chatouiller le ciel, est née mère Laura, la première femme à être canonisée en Colombie.
Dans un cadre sublime, Catalina Mesa montre la beauté qu'il y a derrière chaque ride. Jericó, l'envol infini des jours est un enchantement, autant sur le plan graphique que par la joie que transmettent ces femmes, si touchantes par leur appétit de vivre et leur détermination à voiler leurs souffrances derrière un murmure délicieux de prières, de rires et de couleurs. Une magnifique leçon d'espérance pour tous les spectateurs !
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