À l'été 2014, de retour d'une visite en Irak, le cardinal Philippe Barbarin, alors archevêque de Lyon, lançait l'idée d'un jumelage entre le diocèse de Lyon et le diocèse de Mossoul. Une initiative mise en place pour soutenir les chrétiens d'Orient, alors menacés par l'invasion des djihadistes de Daech. Dix ans plus tard, des liens d'amitié se sont tissés entre les deux communautés de croyants, tandis que les besoins sur place ont évolué.
En juin 2014, devant l'avancée des djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant, certains chrétiens de la plaine de Ninive prennent la route de l'exil direction Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Depuis Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, alors archevêque de Lyon, appelle le patriarche des chaldéens, Mgr Louis Raphaël Sako, qu'il a rencontré un an auparavant lors d'un colloque organisé à l'UCLy et lui propose de se rendre sur place.
Fin juillet 2014, une petite délégation du diocèse lyonnais visite Erbil et rencontre des chrétiens déplacés. À son retour à Lyon, Mgr Barbarin estime qu'il faut lancer une initiative solidaire et fraternelle avec « nos frères d'Orient ». Le jumelage interdiocésain Lyon-Mossoul est né. La Fondation Saint-Irénée s'occupe de collecter des fonds pour les redistribuer à des projets répondant aux besoins des Irakiens. Une communauté de prière se met également en place pour soutenir spirituellement les chrétiens d'Irak. Le cardinal Philippe Barbarin s'engage à réciter tous les jours le Notre-Père en araméen, langue orientale parlée par Jésus-Christ, et invite les Lyonnais à faire de même.
En dix ans, quatre millions d'euros ont été récoltés pour financer quatre-vingt cinq projets. Parmi les moments-clés du jumelage figure la Fête des Lumières célébrée à Erbil en décembre 2014. L'image de plusieurs dizaines de Lyonnais marchant dans une procession de rue aux côtés des chrétiens d'Irak sous la protection de la Vierge Marie, avec un message vidéo du pape François, reste un souvenir marquant.
Le temps d'une décennie, d'autres grands temps forts ont rythmé ce jumelage : la grande dictée place Bellecour à Lyon sous le parrainage de l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse en mai 2015 et un mois plus tard, l'ouverture de l'école Saint-Irénée dans le camp de réfugiés d'Ankawa, quartier d'Erbil en Irak. Des terrains de sport, un centre culturel, un dispensaire femme-enfant seront aussi des projets financés grâce aux dons des Lyonnais. À force de voyages, des liens se créent entre Français et Irakiens.
Après la déroute militaire de Daech, les chrétiens sont petit à petit revenus dans la plaine de Ninive. Après l'urgence, vient alors le temps de la reconstruction. Dès la fin de l'occupation djihadiste, en juillet 2017, le cardinal Barbarin est de retour à Mossoul, trois ans après sa première visite, pour déposer une statue de la Vierge de Fourvière dans la cathédrale du Saint-Esprit, comme il l'avait promis.
D'autres projets ont été financés par la suite, notamment à travers l'association Mesopotamia, émanation du jumelage, créée en 2017 pour valoriser et restaurer le patrimoine des chrétiens et des yézidis en Irak.
Dix ans après le lancement du jumelage, les besoins en Irak ont changé et le soutien financier n'est plus aussi essentiel qu'il y a quelques années. En ce début du mois d'octobre 2024, les deux diocèses viennent de fêter à Lyon le dixième anniversaire du jumelage, avec un concert de l'orchestre Kennara, né de l'initiative d'un prêtre dans les camps de réfugiés d'Erbil. Pendant l'exil des Irakiens de la plaine de Ninive, le père Duraid Barbar s'était mis en tête d’enseigner la musique aux jeunes alors désœuvrés. En 2024, l'orchestre réalise sa première tournée hors d'Irak, comme une victoire de la culture sur l'obscurantisme religieux de Daech.
Dans l'église Saint-Irénée de Lyon, des chants traditionnels en chaldéen, assyrien et syriaque ont résonné ce 3 octobre 2024 pour les 10 ans de ce vécu inter-diocésain. Entendre ces mélodies dans ce lieu fait écho à saint Irénée lui-même, deuxième évêque lyonnais venu précisément d'Orient pour évangéliser la Gaule. Comme une façon de boucler la boucle pour le jumelage Lyon-Mossoul.
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