Kiosque, en voilà un joli mot, avec toujours un marchand ou une marchande de journaux, agréable, aimable, qui donne un peu de soleil dans les cœurs aux gens du quartier, aux habitués mais aussi aux personnes de passage. Et voilà que des imbéciles malfaisants – le mot est faible - ont mis le feu à l’un de ces édifices, dans le mépris de la kiosquière ou du kiosquier, travailleurs déjà pénalisés par une totale mévente en période de manifestation. Eh bien rendons-leur hommage en rappelant l’histoire de ce mot.
KIOSQUIER ET KIOSQUIÈRE, JEAN, CE SONT SANS DOUTE DES MOTS ASSEZ RÉCENTS…
Oui on les atteste que depuis les années 1950. En fait, quand nous évoquons le kiosque bénéficiant d’une kiosquière ou d’un kiosquier, on pense au kiosque à journaux. Car de fait, il faut distinguer le kiosque à musique du kiosque à journaux. C’est en 1848 que sont apparus ces derniers, et en 1867 que naissent les kiosques à musique. En vérité, c’est du persan kush, désignant un palais, qu’est né ce mot qui va devenir en Turquie, kôsk, kieuch.
De là il poursuit son voyage du côté de l’Italie, devenant le chiosco, sorte de petit pavillon, et c’est ce mot que nous empruntons pour enrichir notre français en 1608 en l’écrivant d’abord chiosque, avant de prendre en 1654 l’orthographe actuelle. Il s’agit alors d’un petit pavillon de style oriental de base circulaire ou polygonale, limité par un balustrade, conformément au sens initial du kiosque au Moyen Orient, un petit pavillon de jardin ouvert de tos côtés, coiffé d’un dôme. Dans les jardins français, l’installation d’un kiosque était de nature décorative avec clairement une tonalité orientale.
Gérard de Nerval rappelle ainsi que "Les musulmanes, écrit-il, vont s’asseoir dans les kiosques, au bord des fontaines et sur les tombes entremêlées d’ombrages, où elles rêvent tout le jour, entourées d’enfants joyeux et se font même apporter leurs repas". Quant au poète Delille, il les exècre et le voilà s’écriant "Bannissez des jardins tout cet amas confus d’édifices prodigués par la mode, Obélisques, rotonde, et kiosque et pagode". Il était temps que le kiosque devienne kiosque à musique ou à journaux, que Larousse d’ailleurs consigne déjà.
STÉPHANIE : AVEC QUELLE DÉFINITION, JEAN ?
"Nom que l’on donne à Paris à des guérites établies sur les boulevards, pour la vente des journaux". Aux verbicrucistes alors d’en donner une définition plaisante : "abri pour les canards". Eh bien qu’on ne touche pas à cet abri, et qu’on laisse le kiosquier en paix.
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