On la retrouve également en Espagne, aux Baléares, près d'Alicante. La présence de cette bactérie a été confirmée sur des oliviers en Corse au début du mois. Et ce n’est pas une bonne nouvelle. Trois petits foyers ont été identifiés en PACA, mais c’est la Corse qui suscite le plus d’inquiétude.
Cette bactérie empêche la plante de s'alimenter en gênant la circulation de la sève. Les symptômes sont peu spécifiques à cause du flétrissement, et des brûlures des feuilles qui rendent difficile sa détection. La bactérie est transmise via des insectes piqueurs de sève comme la cicadelle. Il en existe plusieurs souches, mais on ne compte pas de traitement à l'heure actuelle. Si ce n’est arracher les végétaux atteints, les brûler et instaurer une zone tampon pour contrer la progression de la bactérie.
Présente en Amérique du Sud, Xyllela est arrivée en Europe en 2013 en provenance du Costa Rica via Rotterdam très certainement sur des plans de caféiers d’ornements contaminés. Dans les Pouilles, des dizaines de milliers d’arbres ont déjà été arrachés. La situation est catastrophique sur des centaines d’hectares. José Bové, eurodéputé écologiste connait bien le sujet en tant que membre de la commission agriculture du Parlement européen. Il a été un des premiers à tirer la sonnette d’alarme en parlant de peste végétale. Il explique ce qu’il a vu en Italie.
Cette bactérie ne s'attaque malheureusement pas qu'aux oliviers. Elle trouve aussi son compte sur près de 300 espèces végétales et cultivées, rappelle l'eurodéputé. Amandier, chataignier, oranger, péchers, chênes verts, vigne, lavande ou le laurier rose. La menace est potentiellement dévastatrice sur l’agriculture et la biodiversité. Malgré le cordon sanitaire des Pouilles.
En cinq ans, la bactérie n’a cessé de progressé. Au moins deux raisons: une progression des insectes porteurs via les voitures, les camions ou les bateaux, et puis le transfert de plantes de pépinière. C’est d’ailleurs la piste probable pour la contamination en Corse.
En 2015, une souche de Xyllella a été identifiée sur des plantes d’ornement à Propriano. Le 3 avril dernier, le verdict tombe. La bactérie a été repérée sur des oliviers près de Bastia. La souche est en cours d’identification. A ce jour, l’ensemble de l’île est considéré comme un foyer à lui tout seul par le ministère de l’Agriculture. Sandrine Marfisi est présidente du syndicat des oléiculteurs de Corse. Elle est très inquiète, d’autant plus que la bactérie a été identifiée sur des plantes du maquis.
Aujourd'hui, on est donc dans une stratégie d’endiguement et non plus d’éradication. Mais pour les oléiculteurs corses, l’Etat a pris tardivement les mesures du problème et n’est pas assez strict sur le contrôle de l’importation de plantes de pépinières depuis des zones potentiellement contaminées. Sandrine Marfisi demande désormais une évaluation de l’impact économique de la maladie.
Parmi les mesures prises par l'Etat, on note la mise en place dès 2015 de contrôles sur ce que l’on appelle les points d’entrée communautaires comme les aéroports ou encore le marché de Rungis, pour vérifier que des plantes contaminées n’entrent pas. Depuis janvier 2017, l’Etat a mis en place un plan national d’intervention sanitaire d’urgence. Ce plan vise à préparer des mesures de lutte dans le cas d’une suspicion ou d’une confirmation de foyer. Des dizaines milliers de contrôles ont été effectués.
Le syndicat corse demande aujourd'hui des analyses plus précises et plus rapides pour détecter les cas de Xyllela. Actuellement, deux programmes de recherche de l’Union Européenne lui sont consacrés. Des tests de traitements expérimentaux sont en cours en Italie.
A noter que la précédente épidémie de Xyllela remonte aux années 90 sur des vignobles de Californie, l’origine de la contamination avait été ciblée en Amérique Centrale notamment au Mexique. Pas moins de 3000 hectares avaient été détruits. Des millions d’arbres avaient aussi été perdu au Brésil.
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