Oui, la barbe: c’est de cela qu’il s’agit et c’est même « la barbe » qui pourrait bien devenir l’un de ces sujets de débats dont nous raffolons, nous Gaulois...
La barbe serait donc devenue selon notre Ministre de l’Intérieur, l’un des détails permettant de repérer la radicalisation islamiste. Certes, un député taquin lui fit remarquer que tout laïque qu’il soit, l’hôte de la Place Beauvau n’en portait pas moins sur son menton cette pilosité suspecte. Mais bon, puisque le Ministre des cultes m’y invite, mon Ministre de tutelle donc, alors je saisis l’occasion et je crie donc : « la barbe ! »
Oui, la barbe de voir que l’on n’hésite pas à envoyer des forces de Police rendre la vie impossible à quelques centaines de pauvres gens qui dorment dehors dans le nord de Paris, mais que les mêmes chefs traitent avec une bienveillance étonnante les fils de famille qui jouent aux révolutionnaires en occupant depuis trois jours la Place du Châtelet, le ventre bien rempli et à quelques minutes en trottinette de leur appartement douillet.
La barbe de constater qu’un attentat en plein cœur de Paris ne doit surtout pas gâcher la fête de la Nuit Blanche du lendemain et que la mort de quatre policiers suscite au mieux une compassion polie et au pire une molle indifférence.
La barbe d’entendre que les gens des villes s’acharnent à désigner ceux des champs comme cause de tout leur malheur tout en oubliant que nos caprices de consommateurs urbains ne sont pas sans lien avec les excès d’une agriculture devenue parfois folle.
La barbe des discours de députés qui ont la prétention d’instaurer un ordre sans différences sexuées où les manipulations sur le vivant qui risquent d’arriver, appartenaient il y a peu encore aux mauvais romans de science- fiction.
La barbe, en entendant la maman d’un jeune lycéen poignardé à mort devant son école par une bande de jeunes fous qui jouent à être des guerriers, de constater combien on se contrefout de cette jeunesse qui crève dans la misère morale parce qu’on décrète qu’il ne faut plus leur parler ni de foi ni de valeurs...
La barbe, oui la barbe...
La barbe de craindre que cette histoire de poils l’emporte sur une réflexion profonde et collective sur les raisons de cette violence et la manière d’y remédier.
Et maintenant on fait quoi? Sans doute qu’il nous faut regarder en face cette réalité sans nous y résoudre. Ne jamais se lasser de dire, de montrer mais surtout de vivre ce en quoi nous croyons sans nous laisser ensevelir par la colère et le découragement. Et nous réjouir de ceux qui se battent pour la Vérité et la Justice en essayant d’être avec eux, auprès d’eux, porteurs du visage du Ressuscité !
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