Patrick en cette semaine de la Toussaint vous n’avez pas pu vous empêcher de nous parler de citrouille, car à defaut d'en faire des lanternes pour Halloween ou de bon potage, elles peuvent aussi être un atout pour la réapropriation des friches industrielles.
Absolument surtout que c’est vous qui m’avez donné la semaine dernière comme défi de trouver une innovation autour de la citrouille et en furetant sur internet j’ai découvert une photo, celle d’une canadienne Jennifer Low qui entoure de ses bras un plant de citrouilles situé sur un terrain d’expérimentation, car les citrouilles se sont révélées utiles pour éliminer les polluants organiques persistants dans des sols contaminés.
En quoi est-ce une innovation ? Car sans vous offensser on sait depuis des années que les plantes peuvent absorber et stocker d’infimes quantités de métaux dangereux comme le nickel.
Absolument et auquel on peut rajouter l’arsenic et le cadmium présents dans les sols contaminés grâce à un processus appelé phytoremédiation, et si jusqu’à tout récemment, les chercheurs croyaient que les plantes étaient incapables d’absorber les produits chimiques toxiques comme le biphényles polychlorés (BPC) utilisés dans les transformateurs électriques et le DDT ce n’est plus le cas aujourd’hui grâce aux travaux de Barbara Zeeb, biologiste et titulaire de la Chaire de recherche en biotechnologie et en environnement du Collège militaire royal du Canada et qui a mis en évidence au cours d’un projet de décontamination des sols sur un terrain militaire abandonné que certaines plantes absorbaient activement les BPC et se rappelant avoir lu dans la littérature scientifique que les citrouilles pouvaient aussi absorber les BPC, Barbara Zeeb s’est donc mise à faire des essais.
Ce qui signfie que si le sol n'est plus pollué, les citrouilles le deviennent ?
Non, car dans son étude, Barbara Zeeb a constaté que la majorité de ces substances finissent par se retrouver emprisonnées non pas dans la citrouille elle-même, mais dans la tige, près de la racine. Elle a donc supprimé les fleurs pour empêcher le fruit de se développer, ce qui a rendu le plant plus épais et plus buissonnant. Grâce à une taille judicieuse qui favorise la pousse de racines secondaires, chaque plant est en mesure d’absorber plus du double de contaminants de produits toxiques.
Une fois parvenus à leur pleine maturité, les plants sont récoltés et compostés, le compostage réduit le volume du matériel végétal. Ainsi concentrés, les BPC contenus dans la matière organique peuvent facilement être acheminés vers des incinérateurs ou d’autres installations de mise au rebut sécuritaires.
Et quels sont les avantages ? Quel avenir pour ce procédé ?
L’avantage de la citrouille est qu’il s’agit d’un procédé peu coûteux qui n’endommage pas les sols et qui apporte une vraie solution au nettoyage de centaines de friches industrielles comme par exemple d’ex stations-services rendant le sol sain tout en limitant les frais de décontamination. En revanche elle ne permet pas de supprimer tous les polluants et comme les plants de citrouilles prennent des mois à pousser, cette méthode sera difficile à mettre en œuvre pour les zones devant être décontaminées rapidement.
Pour répondre à cette problématique Barbara Zeeb a entrepris d’autres expérimentations sur d’autres plantes comme l’aster et la renouée persicaire qui laissent entrevoir que, par unité de superficie, une plus grande efficacité que les citrouilles pour absorber les BPC. Et je terminerais par ces mots halloweeniens : mieux vaut une bonne peur que 6 trouiles !
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