La COP26 débutera ce dimanche 31 octobre, à Glasgow. Une nouvelle étape dans les presque 30 ans d’histoire de la coopération internationale sur le climat.
On dit déjà qu’elle sera déterminante : le monde entier se donne rendez-vous à Glasgow (Ecosse), à partir de dimanche 31 octobre, pour la COP26 sur le climat. Presque 30 ans après le début de la coopération internationale en la matière. Le premier Sommet de la Terre a été organisé en 1972, à Stockholm (Suède). Mais il faudra attendre encore plus de 15 ans pour qu’une vraie démarche mondiale se mette en route.
"Au fur et à mesure, on a constaté qu’il était possible que les activités humaines interfèrent sur le système climatique, du fait de l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, précise Sofia Kabbej, chercheuse au pôle Climat, énergie et sécurité à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Cela a conduit, en 1988, à la création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui avait pour objectif de comprendre dans quelle mesure ces activités humaines pouvaient être responsables de modifications dans le fonctionnement du système climatique."
Deux ans plus tard, le Giec publie son tout premier rapport. Et en 1992, le 3e Sommet de la Terre se tient à Rio (Brésil). C’est là qu’est rédigée la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ratifiée, depuis, par 197 Etats. Elle prévoit d’organiser, chaque année, une grande réunion internationale qu’on va appeler la Conférence des parties (Conference of the parties).
Un tournant, qui s’inscrit dans le renouveau de la coopération internationale des années 1990. "C’est la fin de la Guerre froide, note François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement. C’est aussi l’époque des Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, qui célèbrent un monde réuni après les boycotts des précédents JO. Il y a donc un nouveau souffle dans la coopération internationale, y compris sur les enjeux environnementaux : en 1987, on signe le Protocole de Montréal, qui permet de régler la question du trou dans la couche d’ozone. Beaucoup pensent que la coopération internationale va pouvoir régler les problèmes globaux."
Une illusion à laquelle ne croit pas Clément Sénéchal : "La COP permet des discussions internationales diplomatiques sur la question du changement climatique qui est, par essence, un phénomène global, admet le porte-parole climat de l’ONG Greenpeace France. Mais ce qui est illusoire, c’est de croire que des conférences internationales annuelles vont, d’un coup, régler le problème du changement climatique." C’est ce qu’on va constater assez rapidement, après la COP1, organisée à Berlin, en 1995. Et surtout à partir de la COP3, qui va déboucher, en 1997, sur le Protocole de Kyoto. Un autre texte important, qui prévoit que les pays développés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5% par rapport au niveau de 1990, au cours de la période 2008-2012.
Mais des pays pollueurs, comme les Etats-Unis ou la Chine n’appliquaient pas ce protocole. Et pendant plusieurs années, la coopération internationale va patiner. "Les premières COP ont surtout été consacrées à la négociation et la mise en œuvre de ce protocole, qui devait permettre de tester certains mécanismes, d’après François Gemenne. Ensuite, on a essayé de négocier un cadre de coopération plus large, mais cela s’est conclu par un échec cuisant à la COP15 de Copenhague (Danemark), en 2009." Les conférences suivantes ont donc, surtout, servi à recoller les morceaux… jusqu’à la COP21.
Un nouveau tournant s’opère en 2015, avec l’adoption de l’Accord de Paris. "Jusqu’ici, on négociait d’abord un traité international avant de demander aux différents gouvernements d’aligner leur politique nationale sur ce traité international, souligne François Gemenne. On partait aussi du principe de responsabilité, c’est-à-dire l’idée que le gros de l’effort devait être supporté par ceux qui portaient la plus grosse responsabilité dans le changement climatique. On est donc passé d’une logique descendante à une logique ascendante : avant la COP21, on a demandé à chaque gouvernement de faire part de sa politique nationale, et l’Accord de Paris est une sorte de synthèse de ces politiques. Et puis, on a construit l’accord en fonction des capacités de chacun, plutôt qu’en fonction des responsabilités de chacun." A l’arrivée, cet Accord de Paris prévoit de limiter le réchauffement climatique à 2 voire 1,5 degré d’ici la fin du siècle.
Reste désormais à mettre en œuvre les moyens pour parvenir aux objectifs fixés. "L’Accord de Paris demande aux Etats de soumettre, tous les cinq ans, une mise à jour de leur feuille de route, explique Sofia Kabbej. Donc la COP26, c’est le moment où on va pouvoir évaluer dans quelle mesure ce à quoi s’engagent les Etats va permettre de rester sous la barre du 1,5 degré de réchauffement climatique. Or, un récent rapport des Nations Unies a évalué les nouvelles feuilles de route soumises en amont de la COP26. Et la synthèse indique que les émissions de gaz à effet de serre seraient susceptibles d’augmenter de 16% d’ici 2030, comparé à 2010. D’après le Giec, il faudrait plutôt être à -45%."
On serait donc sur une trajectoire de 2,7 degrés de réchauffement climatique, soit loin des limites de l’Accord de Paris. Et ce, alors que la première partie du 6e rapport du Giec, publiée en août dernier, indique que le réchauffement climatique rendra plus fréquentes et plus intenses les catastrophes naturelles, dans les prochaines années.
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