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La difficile enquête sur les chevaux mutilés

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF,  - Modifié le 25 juin 2021
Le dossier de la rédactionLa difficile enquête sur les chevaux mutilés
Depuis plusieurs semaines, des équidés sont tués ou mutilés dans leur champ, entraînant une psychose dans le milieu équestre.
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Cet été, le nombre de signalements a explosé. Plus de 150 affaires sont en cours. Une trentaine de cas ont entraîné la mort ou des blessures graves, comme des mutilations, à l’équidé. Certains ont l’oreille droite, les parties génitales coupées ou un œil ôté. Dans d'autres cas, le corps de l’animal est lacéré. C'est ce qui est arrivée dans le centre de refuge pour chevaux de Nicolas Demajean le 24 août dernier dans l'Yonne. Il a été réveillé en pleine nuit et a vu deux hommes. "Je les ai engueulés depuis ma chambre puis je suis descendu. Un homme est venu au conflit pendant que l’autre était en train de finir le poney. Un individu a essayé de me mettre des coups de serpette au visage. Ils étaient déterminés à m'éliminer parce que je les avais vus”, raconte-t-il.  

Après cette altercation, il s’en est sorti avec une blessure au bras et surtout un important traumatisme. "Nous avons une double ponette qui a été entaillée de 50 centimètres. Il y avait du sang qui coulait. Pour moi, ce sont des bouchers", enrage-t-il. Il est désormais armé et son témoignage a permis de dresser un portrait robot. Un homme a été arrêté quelques jours plus tard. 

Une enquête difficile à mener 

Le nombre d'exactions est si grand qu'il est difficile d'imaginer un seul auteur. Au niveau national, c’est la gendarmerie avec l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP) qui coordonne le suivi des différentes enquêtes. Certains propriétaires sont persuadés que les agresseurs sont issus du milieu équestre, sachant comment agir avec un équidé. D’autres auteurs seraient peut être passés à l'acte simplement en copiant d'autres agresseurs. Il pourrait également s'agir d'un rite satanique d'une secte. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a été saisie. 

À cause du peu d'indices, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a rappelé mercredi que les enquêtes seraient difficile à mener. "Les personnes qui agissent le font avec une certain professionnalisme. Il est très compliqué de récupérer des traces laissés par ces criminels qui commettent ces actes de cruauté", affirme Julien Denormandie. 

Des éleveurs et des propriétaire excédés.

Les éleveurs et les propriétaires se sentent démunis. Certains confient même dormir dans leur voiture à côté de la pâture de leurs chevaux. D’autres organisent des patrouilles parfois armés. Mais le président de la fédération française d’équitation essaye d'en dissuader. Serge Lecomte l’affirme : "on sensibilise nos propriétaires mais comment voulez vous être 24 heures sur 24 surveiller un cheval. Aujourd'hui la meilleure arme c'est de prendre des photos et d'avoir des témoignages". Le ministre de l’Agriculture a lui aussi rappelé que personne n’était autorisé à se faire justice soi-même.

Que risquent les auteurs de ces attaques ? 

Si les auteurs demeurent introuvables, ils encourent jusqu’à 2 ans de prison ferme et 30.000 euros d’amende. Mais en réalité, il est rare que les auteurs d’acte de cruauté envers des animaux soient condamnés aussi sévèrement. Ce que déplore Maître Christophe Gérard, avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit animalier et qui représente plusieurs victimes. Pour lui ces affaires devront faire l’objet de sanctions exemplaires. "Nous voulons que cette réponse soit la plus sévère possible. Ces faits, nous voulons en faire une tribune pour dénoncer cette cruauté envers les animaux avec le souhait qu'il y ait un avant et un après", explique l'avocat. 

Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie a décrété une mobilisation générale dans le monde rural cette semaine. Il a aussi annoncé mercredi la mise en place d'un "numéro gratuit". Le 0800 738 908 est "destiné à tous les propriétaires de chevaux". Une équipe de 15 membres de l'Institut français du cheval seront mobilisées pour répondre aux inquiétudes des propriétaires, de les accompagner pour les mesures de protection et si nécessaire d’assurer un soutien psychologique.

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