REPORTAGE - Babette Bondanelli est prioulessa (prieure), de l'"Assouciacioun dòu Malounat". Avant de faire vivre la tradition, samedi 30 et dimanche 31 juillet dans le Vieux-Nice, elle raconte la rue du Malonat.
C'est autour d'un café, place Garibaldi, que RCF rencontre Babette. Elle est prioulessa (prieure) et fait partie des Pénitents blancs. Généreuse, elle raconte l'histoire du Vieux-Nice, de ces commerces, de comment des édifices religieux se sont transformés (à regrets) et raconte aussi la rénovation de la cathédrale Sainte-Réparate et des visites organisées en 1999. Une petite marche dans les ruelles étroites de la vielle ville direction, le Malonat, tout au bout de la rue de la Préfecture. "On l'appelle Malonat parce qu'elle était en malons" (petites briquettes pavées) explique Babette qui nous raconte une anecdote: "c'est la seule rue qui n'a pas été pavée lorsque l'on a fait la restauration, allez comprendre, mystère de l'incarnation !"
La rue du Malonat ce 27 juillet 2022 - RCF
La fête du Malonat fait venir de tous les quartiers de Nice. Le Vieux-Nice, plus touristique, a bien changé et accueille beaucoup de locations de courte durée. Peu de niçois habitent encore ici et la tradition attire moins de monde. Une perte des racines qui est endiguée par Babette et d'autres. Babette qui est prioulessa est chargée ces 30 et 31 juillet de parer la statue de la Vierge du Malonat de ses bijoux. Une gardienne qui partage le trésor de l'histoire aussi. En montant les marches de la rue du Malonat, Babette sort de sa mémoire "des restaurations qui ont permis de donner une petite place et des coins aérés. Il faut imaginer que cette rue était très encaissée, c'était sombre." Cette placette dédiée à la Vierge du Malonat a été rénovée par l'ancien maire de Nice, Jean Médecin, qui tenait beaucoup à cette fête.
Au bout de la rue, l'Oratoire du Malonat. On y voit une Vierge de 1854. "Il y a eu le choléra à cette époque à Nice. Les dames du quartier se sont mises à prier et au bout de quelque temps, le choléra a diminué. Elles se sont fait la promesse de faire une statue de Notre Dame du Bon Secours et elle se sont promis que chaque année début août on ferait une fête pour la Vierge du Malonat, c'est ce qui a été fait" explique Babette Bondanelli. Gisèle habite encore cette place. C'est une des rares niçoises dans cette rue du Vieux-Nice. "Une des gardiennes de l'oratoire, une des seules familles qui restent" dit Babette. Gisèle est fière d'habiter cet endroit.
C'était une rue populaire, on était pas frères de sang mais frères de cœur.
La fête du Malonat ? "Un grand moment pour nous". Gisèle n'en dira pas plus, elle est émue. Car ce nous désigne ceux qui y sont nés. Derrière ce week-end se cache aussi l'histoire d'habitants qui vécurent comme une famille, près de la Vierge. Un temps pas si lointain mais pourtant si éloigné: "quand on parle du Malonat, on voit tout ce qui s'est passé avant" dit Babette, "les fêtes d'avant, tous ces gens que l'on connaissait, qui nous ont appris, la foi qu'ils portaient en cette fête, une foi simple". "C'était une rue populaire, on était pas frères de sang mais frères de cœur, c'est très important pour nous, la Vierge est importante, elle nous a vu naître, grandir, parfois mourir mais elle est toujours avec nous".
La procession n'a pas toujours été. Elle est le résultat de l'évolution du Vieux-Nice. En 1996, elle va descendre en procession "parce qu'il y avait moins de monde qui montait. Effectivement, si nous habitions encore ici, elle ne descendrait pas. Il n'y a plus personne pour la veiller" car la Vierge du Malonat était veillée toute la nuit du samedi par les habitants. Fini aussi les flambeaux: la procession se fait plus tôt pour ne pas interférer avec les restaurants. Désormais elle est placée, dans la nuit du samedi au dimanche, dans l'église du Gésu.
Ce samedi 30 juillet, cette Vierge aux mains ouvertes, qui a le regard vers le bas, sera encore en procession. En papier mâchée et en plâtre, la Vierge du Malonat ne peut pas être plus proche des habitants de cette rue car le modèle ? une jeune fille de 12 ans, Marie, qui habitait au numéro 18, rue du Malonat. Ce week-end du 30 et 31 juillet, de tous quartiers, les niçois qui n'habitent plus le Malonat, ceux qui l'ont en eux, ceux qui y sont encore, vont se retrouver dans ce quartier de pêcheurs.
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