En 2017, Emmanuel Macron s’engageait à une sortie du glyphosate d’ici 2021, mais en octobre dernier, lors du vote pour ou contre la prolongation du pesticide dans l'Union européenne, la France s’est abstenue et faute de majorité requise la décision avait été reportée. Tandis que la question est remise, demain, sur la table à Bruxelles, les associations de consommateurs espèrent un sursaut français.
La question clive jusque dans les hautes sphères : quand l’OMS classe le glyphosate parmi les “cancérogènes probables”, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments ne l’estime pas assez dangereux pour l’interdire.
“Pourtant, les rapports scientifiques sont clairs” assure Robert Mondot, président de l’UFC que Choisir à Chambéry. “Monsanto (fabricant du RoundUp), aujourd’hui appelé Bayer, perd ses procès et les études montrent l’effet néfaste du produit sur la santé des consommateurs”. L’INSERM pointe, notamment, le risque non négligeable de cancer du sang.
“Nous ne sommes pas une association de protection de l’environnement” poursuit Robert Mondot. “Le glyphosate s’introduit dans le sol, les nappes et dans le corps humain, mais ce risque sanitaire n’est pas assez pris en compte”.
Si en 2017 la position de la France et de son président ne laissait pas de place au doute, elle est aujourd’hui bien plus floue : en octobre dernier, le pays avait refusé de se positionner contre l’usage du pesticide. Sur France Info, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, s’en est expliqué “Il y a parfois des impasses techniques qui existent en agriculture. C'es”.
Le manque d’alternatives au glyphosate pour justifier cette marche arrière ? “C’est une excuse !” balaie le président de l’UFC Que Choisir. S’il reconnaît que l’agriculture intensive consomme énormément de glyphosate, l'argument n’est pas recevable. “Il faut repenser le modèle agricole, faire de l'agronomie. Et pourquoi il faut changer de modèle ? Parce que le glyphosate est dangereux pour les consommateurs !”
Contrairement à l’Autriche ou le Luxembourg qui ont fait le choix de l’interdiction de l’herbicide, la France ne devrait pas, pour autant, changer son fusil d’épaule lors du vote de jeudi. Le ministre de l'Agriculture estimant qu’il n’y avait pas de raison que la position de l’Hexagone évolue, tant qu’une alternative efficace au glyphosate n’était pas trouvée.
Les demandes de l’UFC laissées lettres mortes
L’UFC Que Choisir de Chambéry s’est fendue d’un communiqué aux eurodéputés de la Région plaidant pour un vote contre la prolongation de la mise sur le marché de l’herbicide. Un geste inhabituel pour l’association et qui dit beaucoup de son inquiétude affirme son président, mais qui n’a reçu “qu’une seule réponse” regrette-t-il.
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