Des signataires responsables politiques de gauche signataire du texte et annoncés dans le cortège ont retiré leur signature et ne sont pas venus défiler, refusant de cautionner certains passages de cet appel et refusant aussi de s’afficher aux côtés de militants d’un « islam politique » et de thèses peu compatibles avec la laïcité, les droits de l’homme et la dignité des femmes.
Après que cette marche se soit tenue, la polémique se prolonge, pas simplement sur son opportunité, mais aussi pour ce qu’elle a parfois révélé autour de dérapages repérés. Des étoiles jaunes assimilant le sort des musulmans de France à celui des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale, par exemple.
De ce constat, on doit tirer quelques conséquences.
Comme les musulmans de France ont quelques bonnes raisons de se plaindre de discriminations diverses et variées, d’humiliations subies et parfois d’agressions comme celle perpétrée par un élu du Rassemblement national contre une mère d’élève portant le voile ou même d’attaques comme il y a un mois contre une mosquée à Bayonne, cette protestation était évidemment légitime.
La laïcité impose à la République la protection de tous les croyants dans l’espace public, à égalité de droits et de dignité. Or ceux qui entament des croisades sur tous les tons – du feutré au vitupérant- contre les musulmans dérogent à la lettre et l’esprit de la loi de 1905 et sa riche évolution tout au long du XXe siècle. La lutte contre ces dérives devrait être un combat partagé par de nombreux Français.
Dimanche dernier, ce n'était pas possible, parce que cette défense des musulmans est instrumentalisée par des mouvements proches des Frères musulmans qui ne cherchent pas la concorde et à défendre le compromis laïque mais à imposer une vision rigoriste de l’islam et qui ont, à cette fin, un combat politique sur le territoire français.
Le sort fait aux musulmans en France, au mépris du droit de la laïcité, devrait provoquer une légitime protestation. Mais chacun doit s’interroger. On doit se révolter, bien sûr. Mais pas avec n’importe qui. La prochaine fois, les organisateurs devront chercher à rassembler plutôt qu’à diviser.
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