L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche a très clairement entraîné une dégradation des relations transatlantiques.
Tout d’abord, parce que le président américain – pour la première fois de l’histoire – est foncièrement opposé au projet d’unité européenne. Nationaliste, antimondialiste et opposant au supranationalisme, le Président américain a toujours fustigé l’Union européenne. Il s’est ainsi félicité du vote anglais sur le Brexit (en plaidant pour sa version la plus dure) mais a également rétrogradé l’Union européenne dans l’ordre protocolaire au rang des simples organisations internationales. D’ailleurs, le premier ambassadeur que Donald Trump a envoyé à Bruxelles avait annoncé la couleur : le projet du président Trump était ni plus ni moins que de détruire l’Union européenne. Ambiance.
Par ailleurs, les relations transatlantiques se sont également dégradées du fait de plusieurs décisions politiques de Donald Trump, qui étaient orthogonales aves les intérêts et les principes des Européens. C’est le cas, par exemple, avec les décisions de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat ou de l’accord sur le nucléaire iranien. Mais, c’est également le cas avec les conflits commerciaux que Donald Trump a lancé tantôt contre le vin et les fromages français, tantôt contre les automobiles allemandes.
Je ne vois pas de raison pour laquelle un Donald Trump réélu se comporterait différemment avec les Européens. Au contraire, on risque fort de voir un durcissement de ses positions. Il pourrait ainsi décider de quitter l’OTAN, chose qu’il a maintes fois évoquées mais jamais mise en œuvre pour l’instant.
Sans conteste, l’élection de Joe Biden entraînerait un réchauffement des relations transatlantiques. Ce serait le retour à une politique étrangère plus traditionnelle des États-Unis, et à un ton plus aimable vis-à-vis des Européens.
Pour autant, ne nous leurrons pas, une élection de Joe Biden ne changerait pas un certain nombre de fondamentaux de la politique étrangère des États-Unis. La menace principale pour les États-Unis n’est plus aux frontières de l’Europe mais en Asie. C’est la Chine qui menace sa superpuissance. À plusieurs reprises, les prises de positions de Donald Trump n’étaient finalement que les versions vulgaires de celles défendues par les administrations précédentes. Sur le coût de la sécurité de l’Europe pour les États-Unis, par exemple, qui irrite de plus en plus de monde aux États-Unis.
Si l’élection de Donald Trump a eu un mérite, c’est de réveiller les Européens sur la nécessité d’exister par eux-mêmes et de défendre leurs intérêts. Finalement, le risque d’une élection de Joe Biden c’est que les Européens se rendorment.
Chaque mardi à 7h20 dans la matinale, l'actualité internationale et européenne vue par Édouard Simon, directeur du bureau de Bruxelles du think tank Confrontations Europe et Yann Mens, rédacteur en chef international d’Alternatives Economiques.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !