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La réalisation des abris ne mérite pas l’opprobre.

RCF,  - Modifié le 21 février 2020
​Le palliatif social est parfois accusé d’inhumanité. Certes, il n’est pas idéal mais dans le champ des possibles, il traduit le refus de l’inacceptable que représente la rue.

L’objectif d’un logement définitif n’est pas altéré par des mesures transitoires liées à une crise du logement si grave, notamment dans les Métropoles, que des foyers attendent parfois 5 années ou plus encore, pour se voir attribuer un appartement.
 
Des voix, certes minoritaires, se sont élevées considérant qu’accueillir 75 réfugiés en ville dans des containers était honteux, sachant que ce mode constructif ne se substitue pas au logement, il le prépare via un accompagnement mis en œuvre pour faciliter également l’accès à l’emploi.
 
La honte n’eut elle pas été de rester indifférents au fait que ces personnes demeurent sans protection à l’égard des intempéries, le vent, la pluie, le froid sans disposer du minimum d’hygiène que représentent une douche et des sanitaires.
 
Le déshonneur, c’est de rester sourd à l’interrogation angoissée de ceux qui se demandent : « où vais-je dormir ce soir ».
 
Je ne vois pas en quoi notre association serait disqualifiée pour rechercher des palliatifs, sachant que lorsqu’elle le peut, elle offre un habitat de qualité. Je pense à ces 24 mamans et ces 34 enfants à la rue, accueillis début janvier dans des conditions qui honorent l’hospitalité.
 
Depuis plus de 70 ans, les médias ne cessent fort justement de donner la voix aux associations de toute sensibilité, rappelant unanimement le drame du mal-logement qui se poursuit et s’aggrave pour les plus fragilisés.
 
L’urgence est d’ouvrir des portes sur un habitat décent. Seulement, il ne doit pas être recherché dans des quartiers difficiles pour ne pas ajouter de la pauvreté à la pauvreté.
 
Une exigence s’impose à l’acte de construction : lutter contre la discrimination aux fins de réconcilier l’humain et l’urbain. Ce n’est pas en claquant des doigts que les opérations sortent. Il faut du cœur et mettre la main à l’ouvrage.
 
Si des centaines de milliers de logements sont vacants, n’est-ce pas une forme d’omerta et de distance à l’égard d’un drame qui devrait davantage mobiliser. La ministre la Cohésion des territoires, et le ministre chargé de la Ville et du Logement viennent d’intervenir pour demander que 200 000 logements inoccupés du parc privé soient remis sur le marché.
 
La vacance augmente de 1,5%/an depuis 30 ans alors que le phénomène de la métropolisation accroît la demande de logements, d’où des charges foncières qui ne cessent d’augmenter, rendant difficile l’adéquation du prix du loyer aux ressources des candidats à la location.
 
Ce risque avéré n’est pas sans susciter de nouveaux espaces de ghettoïsation.
 
La fureur des mots ne fera pas fuir le mal ; Il est temps que se lève une générosité inventive et partagée pour que se développe notamment le dispositif propriétaires solidaires qui, ayant fait ses preuves, mérite d’être mieux reconnu et soutenu. D’autres moyens de cette nature existent comme le démembrement de propriété.
 
L’indignation n’a de portée que si elle suscite les conditions d’un changement. Le vouloir nécessite l’ouverture de deux chantiers prioritaires : bâtir, mais pour qui, en s’interrogeant sur la mobilité afin que les petites et moyennes villes cessent d’être dévitalisées par l’essor des métropoles.
 
Les élections municipales ne sont-elles pas un moment pour demander à ceux qui se présentent à nos suffrages, le traitement qu’ils entendent prescrire pour guérir ce mal qu’est l’absence de logement. Le considérer comme une fatalité, alors qu’il délite le corps social, est un aveuglement conduisant inexorablement à de dramatiques ruptures. Qui n’en voit pas déjà les prémices.
 

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