Éducation : faire mémoire du bien
En partenariat avec Fondation Don Bosco
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Depuis le 12 avril, nos élèves de terminale ont reçu leurs notes de spécialités du baccalauréat. Ce sont les notes les plus importantes. Ces épreuves ont eu lieu en mars et l’objectif voulu est de permettre de les voir figurer dans Parcoursup, comptant pour le tiers de la moyenne finale. Il ne leur restera que deux épreuves calées mi-juin, la philosophie et le grand oral. Première année donc que la réforme Blanquer 2019 se déroule selon le calendrier prévu. Mais elle suscite nombres de critiques et pas des moindres.
Sur quels points portent précisément ces critiques ? Tout d’abord, cette promotion 2023 voit les lycéens ayant connu les perturbations du Covid. De plus, ils passent les épreuves importantes en mars, après deux trimestres seulement. Des chefs d’établissements estiment qu’elles arrivent trop tôt. Et je peux vous assurer qu’un élève peut encore progresser le trimestre suivant. Quand j’ai eu 9 puis 11 de moyenne aux deux premiers trimestres, ma moyenne est à 10. Et alors que je continue de progresser et voit mon troisième trimestre atteindre 13, ma moyenne est renforcée. Et je passe le bac avec un bien meilleur niveau.
Ensuite, la question des programmes : ils sont très denses. C’est un peu "Mars ou crève" ! Entre septembre et mars, c’est du stress avec un rythme trop rapide pour aborder sereinement les épreuves reines. Cette anxiété est ressentie chez les élèves et les enseignants. Cela porte atteinte à la relation pédagogique. Un seul grain de sable peut perturber un agenda millimétré. Pensons aux absences pour raisons médicales côté lycéens ou de grèves côté enseignants.
Autre raison : aujourd’hui, on voit apparaître une forme de relâchement. Le troisième trimestre comptant pour 7% du contrôle continu. Autant dire qu’il est difficile de se motiver quand on est lycéens. Les établissements le constatent : demi-classe, élèves en retard... Cela donne des airs de vacances ! Ne rien faire pendant six mois, c’est à coup sûr se retrouver en difficulté à l’université ou en classe prépa.
Mais plus fondamentalement, le bac est-il encore un objectif à atteindre, un rituel de passage, une exigence pour mieux assimiler et s’organiser ? On peut en douter.
Si l’intention de la réforme est bonne - remuscler le bac, mieux préparer aux études supérieures - l’effet pédagogique reste délétère. Donner du sens, oui. Démotiver, non ! Quand on a 17, 18 ans, on attend davantage que des classes vides au lycée. Et un trimestre ça compte. De fait, l’Éducation nationale n’a pas voulu tout révolutionner. Caler des épreuves en mars, ressemblant à celles de juin n’est pas sans conséquences. Cela demande davantage de méthode et de vitesse pour assimiler. Autant dire qu’elle n’aide en rien les élèves en difficultés, ni ne réduit les inégalités.
L’idée d’un troisième trimestre orienté "passeport vers l’université" n’a pas été retenu. D’autres contenus, des méthodes de travail, reconsolider ses bases, mériteraient d’être étudié. Penser aux élèves et aux enseignants pour mieux préparer au supérieur est premier dans une réforme.
Le Père Xavier de Verchère, salésien de Don Bosco, est aumônier général des Scouts et Guides de France.
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