"Theresa May essaie depuis quelques semaines de faire le tour des capitales européennes. Elle pense que la Commission européenne a une position trop rigide sur le Brexit. Et elle essaie de contourner la position de Michel Barnier, négociateur en chef. Elle tient à ce que les libertés de circulation des capitaux, des hommes, des marchandises soient respectées" explique Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes, qui ajoute qu’Emmanuel Macron n’a pour l’instant pas désavoué les positions de Michel Barnier.
"Ils estiment que le problème ne vient pas de l’Union européenne mais du Royaume-Uni. Theresa May fait face à une rebellion au sein du parti conservateur, et elle a la plus grande difficulté à tenir une position cohérente. Elle veut ce qu’il y a de meilleur dans les négociations. S’agissant de l’immigration, elle a en revanche une position très dure, ce qui n’est pas acceptable" ajoute Patrick Martin-Genier.
"Cela va être d’abord très compliqué sur le plan interne. Elle est complètement dépendante d’un groupe de députés conservateurs. Elle est également sous la domination du parti unioniste nord-irlandais, des gens favorables à un Brexit assez dur. Elle ne doit son soutien qu’à une poignée de députés travaillistes. La difficulté vient donc beaucoup plus de la politique intérieure que de l’Union européenne" précise ce spécialiste.
"Pour l’instant, c’est essentiellement la question irlandaise. C’est la question de la frontière entre les deux pays qui posent problème. Pour le reste il y a le problème de la négociation sur les services. Le nouveau ministre du Brexit a dit que tant que l’on n’était pas d’accord sur les 20% restant, on remettrait en cause éventuellement les autres 80%. C’est un vrai problème. On est encore dans des rivalités politiques au sein du parti conservateur" lance Patrick Martin-Genier.
"Je pense qu’il y aura un accord. Le problème est que le ministre du Commerce international commence à préparer les Anglais à l’absence de préparation d’accord. Il y a effectivement des risques. Le gouvernement prépare cette option mais ce serait une catastrophe pour l’Union européenne, pour les Britanniques, et les entreprises" conclut Patrick Martin-Genier.
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