Ce weekend, un ami me racontait que lors d’une balade en forêt, ses enfants, bon d’accord ils étaient scouts et guides, lui avaient réclamé d’y rester camper. Ça m’a d’abord paru évident, avant de me demander : qu’est-ce qui fait que des enfants et ados préfèrent rester camper en forêt plutôt que profiter du confort de leur maison ? Une des réponses, et ça n’est sans doute pas la seule, c’est celle de la veillée, ces temps qui font des camps et des colos des lieux de souvenirs réussis. La recette est assez simple : D’abord, il vous faudra une bonne dose de service, qui nous apprend à être une communauté solidaire, pour constituer un stock de bois qui puisse tenir longtemps près d’un feu qui nous éclaire. Il vous faudra de la débrouillardise, pour construire en pleine nature un lieu chaleureux, plein de bons sens et de confort. Il vous faudra un peu d’apprentissage, pour transmettre aux enfants comment allumer le feu, comment l’entretenir et faire en sorte qu’il crépite sous les étoiles. Il faudra de la simplicité, parce qu’elle rend les jeunes heureux d’être ensemble, attentif au moment présent sans se cacher derrière les masques numériques.
Et il vous faudra enfin des équipes, celles qui, par le jeu, nous apprends à compter les uns sur les autres pour avancer ensemble.Alors, tout ça, dans la crise sanitaire que nous traversons, n’est pas simple à obtenir. Et j’imagine la frustration des jeunes qui ont l’habitude ou l’envie de camper. Pour l’instant ils doivent simplement se balader et pique-niquer en forêt, sans pouvoir y vivre ce moment fort d’y habiter pleinement.
Nous espérons pouvoir y retourner bientôt parce qu’après l’épreuve souvent solitaire pour les enfants et les jeunes qu’a été le confinement, cet été sera particulièrement important.
Ces veillées, ces moments où la douceur de l’air d’une soirée d’été vient caresser la lumière qui baisse avant que le feu ne crépite. Ces rires au coin des lèvres, au son de la musique, ces amitiés formées au fil des années, au fil des feux de camp, bien loin des clichés qui se forment à cet instant dans vos têtes. Tout ce temps passé à être ensemble dans la nature, sont des lieux où les jeunes apprennent à vivre au présent, connectés à leurs amis sans passer par les écrans. C’est dans ces lieux là que la solidarité peut se consolider, s’appréhender, se construire. Pour une simple veillée, pour un simple feu de bois, il nous faut mobiliser toute la force du collectif. Voilà un bon garde-fou contre l’excès d’individualisme que cette crise pourrait renforcer.
Laissons donc les jeunes partir en camps, partir en colo ! Permettons-leur de prendre l’air, de quitter la ville et les apparts trop exigus. Permettons-leur de respirer, de jouer, de tester, de courir. Permettons-leur d’être jeunes. Nous avons cherché à protéger nos plus fragiles, cherchons à protéger et à faire grandir tous les enfants cet été. Il nous faudra surement renforcer nos consignes sanitaires c’est vrai, mais ce n’est rien comme effort à fournir face aux enjeux d’envoyer nos enfants vivre leurs expériences loin de nous. Ce n’est rien face à l’enjeu que chaque enfant, d’ici et d’ailleurs, puisse avoir la chance de partir en vacances et pourquoi pas, de découvrir la vie sous tente, près d’un feu.
Quelle place dans la jeunesse dans notre société ? on en parle chaque mercredi avec la présidente d’une des plus grandes associations de jeunesse : Les Scouts et Guides de France.
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