L'aquaponie

Cela fonctionne sur un principe simple : les bactéries présentes dans l'eau transforment l'ammoniac qui existe dans les déchets des poissons en nitrate absorbable par les plantes qui, en retour, purifient l'eau… Un nouveau cercle vertueux en somme. L’idée en elle-même n’est pas neuve puisque déjà au XVIe siècle, les Aztèques l’utilisaient pour cultiver du maïs et des haricots.

En définitive, on pourrait appliquer à cette innovation le vieil adage « faire du neuf avec du vieux ». Vincent Boissard et Thomas Demerens à l'École centrale ont décidé de remettre cette vieille idée au goût du jour en milieu urbain. Il y a deux ans, ils ont créé Aura (pour agriculture urbaine responsable pour l'avenir), une start-up qui emploie une demi-douzaine de personnes. Ils ont installé des modules aquaponiques dans plusieurs entreprises, pour y cultiver diverses plantes comme de la menthe ou des tomates cerises.  L’idée est de « rendre ringarde la machine à café et de se retrouver pour échanger des idées en faisant de la cueillette ».

Aujourd’hui, de nombreuses villes s’intéressent à créer une agriculture urbaine, écolo et durable, et ce de manière plus industrielle. C'est également l'idée d'une autre start-up française, Agriloops, qui teste une production de crevettes sur un bac de plus de 100 mètres carrés avec une production de légumes frais en aquaponie. Cette activité répond à une problématique de demande, puisque les Français consomment 120 000 tonnes de crevettes par an. Elle répond également à un risque écologique majeur, puisque la production de ces crustacés importés entraîne la destruction des mangroves. L’avantage de l’aquaponie industrielle c’est une baisse de 90% de l’utilisation d’eau puisque l’on produit à la fois des poissons et des légumes. L’autre avantage réside dans la suppression des antibiotiques pour les crevettes, et des engrais pour les plantes puisque ce sont les poissons ou crustacés qui les fertilisent. Mais, fort de tout cela, je ne suis pas certain que la machine à café vive ses derniers jours, à moins que l’on puisse produire du café en aquaponie et que l’on installe des torréfacteurs dans les entreprises !