Les Français et leur patrimoine, c'est une grande histoire d'amour… L'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a créé une émotion qui a largement dépassé nos frontières. Mais, comment la comprendre et l'interpréter ?
Et oui, les Français sont attachés à leur patrimoine… Pour preuve : chaque année, des milliers de personnes font la queue de longues heures devant des monuments prestigieux pour les journées du patrimoine. Avec un succès constant : en moyenne 12 millions de visites au cours de ce week-end de septembre.
Cet attachement au patrimoine religieux ne faiblit pas, malgré les récurrentes critiques des Français à l'égard de la religion et de l’Église catholique, les églises restent en tête des monuments français les plus visités, selon le Crédoc. Un paradoxe que décrypte l'historienne, spécialiste de l'art sacré, Isabelle Saint-Martin.
Et cet élan patrimonial, comme l'évoquait Isabelle Saint-Martin, a d'ailleurs conduit à la création en 1914 de la Caisse nationale des monuments historiques, devenu aujourd'hui le CMN, le Centre des Monuments Nationaux qui gère, anime et ouvre à la visite près de 100 monuments nationaux, propriétés de l'État.
Avec souvent des budgets serrés. La destruction par les flammes d'une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a d'ailleurs réveillé ce débat autour du budget alloué pour restaurer et entretenir le patrimoine français. Le regard de Philippe Belaval, le président du CMN.
Et certains professionnels du secteur proposent de lancer un "plan d'urgence patrimonial" pour soutenir ce secteur, en crise depuis de trop nombreuses années selon eux.
Alors que les dons affluent pour reconstruire Notre-Dame de Paris, lourdement endommagée par un incendie, certains invitent à ne pas oublier les autres lieux de culte.
C'est le cas d'Alexandre Gady, spécialiste d’architecture, président de l’association Sites & Monuments. Il estime qu'il serait sage de prévoir avec les surplus un fond destiné aux cathédrales françaises, qui sont propriétés de l’État. Il permettrait de soulager le budget des monuments historiques, qui connaissent également des problèmes de travaux urgents et récurrents.
D'ailleurs, l'Observatoire du patrimoine religieux recense 500 édifices religieux menacés et plus de 5 000 sites en souffrance.
En attendant, le gouvernement veut aller vite. Le projet de loi pour la reconstruction de Notre-Dame a été présenté dès hier en Conseil des ministres.
Et peut-être va-t-il trop vite ? C'est ce que dénoncent certains spécialistes qui rappellent que l'heure est à l'expertise et au diagnostic, et non à la reconstruction. D'autre part le texte propose de s’affranchir des procédures en vigueur en matière de monuments historiques. Une aberration pour Alexandre Gaby, qu'on vient d'entendre.
Notre-Dame qui, après l'incendie, doit faire face à la pluie. Les ouvriers-alpinistes sont à l'œuvre afin de finaliser l'installation de la bâche pour protéger Notre-Dame de Paris, alors qu'on annonce plusieurs jours de mauvais temps.
Du côté de l'enquête, il y a du nouveau même si la thèse accidentelle liée à un court-circuit électrique est toujours privilégiée. Le Canard enchaîné fait état de plusieurs failles de sécurité. Il y aurait par exemple des ouvriers qui auraient l'habitude de fumer sur le chantier, notamment "sur les échafaudages".
D'ailleurs, sept mégots de cigarettes auraient été retrouvés sur le site. Puis il y a la flèche, qui abritait trois cloches électrifiées depuis 2012 dont l'électricité n'aurait pas été coupée depuis la fin de ces travaux-là. Enfin, le "Canard" révèle également des manquements concernant des fils électriques.
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