Le titre est significatif de la volonté, avant les prochaines élections, de prendre du recul et de la hauteur. Il ne s’agit pas de donner des orientations programmatiques, mais de réfléchir sur l’état de notre société et le sens de l’action publique. En s’adressant « aux habitants de notre pays », les évêques se montrent solidaires de tout un peuple, ils parlent non comme autorité morale, mais comme citoyens responsables de l’avenir. Ils ne cherchent pas à faire la leçon, mais à nourrir une réflexion collective. Contre l’individualisme triomphant, ils rappellent que chacun vit de ses rapports avec autrui. Ils évoquent la nécessité de valeurs communes mais refusent tout enfermement identitaire. Pour définir un nouveau « contrat social », ils appellent chacun à se poser une question radicale : pour quoi suis-je prêt à donner ma vie aujourd’hui ? C’est assez dire que le politique n’est pas l’affaire de quelques hommes désireux de pouvoir, mais que c’est le don de soi qui en est le ferment. Reste une question : pour réhabiliter le politique comme service du bien commun, il faut certes le distinguer de la politique, mais sans le risque que constitue l’action politique, comment mettre en œuvre le politique ?
Je pense à la phrase célèbre de Péguy : les kantiens (c’est-à-dire les moralistes) ont les mains pures, mais ils n’ont pas de mains !
N’ayons pas peur d’avoir des mains et de les plonger dans la pâte !
Françoise Brian
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